Le Journal de Quebec

Stratégie ? Quelle stratégie ?

- Pierre Martin l@ Pmartin_udem

La tension monte autour de la politique étrangère des ÉtatsUnis, mais pas aussi vite que la confusion. Donald Trump saitil où il va? Comprend-il la portée de ses paroles?

Il devient de moins en moins évident que l’administra­tion Trump est guidée en politique extérieure par une vision et une stratégie cohérentes. Ses positions face au conflit syrien et à la Russie en fournissen­t des preuves quotidienn­ement. Il n’y a pas que la vision stratégiqu­e de l’équipe Trump qui pose problème. On peut aussi remettre sérieuseme­nt en question ses stratégies de communicat­ion. Que vaut la parole des États-unis de Donald Trump?

L’ANTI-OBAMA

Les frappes américaine­s en Syrie ont marqué bruyamment l’entrée de Donald Trump dans le grand jeu des relations internatio­nales. Il souhaitait d’abord souligner le contraste entre son approche et celle de son prédécesse­ur.

On avait reproché à Barack Obama son inaction à la suite d’une attaque au gaz de Bachar al-assad. Trump, lui, a riposté immédiatem­ent. Au diable les promesses de non-engagement.

Le contraste est tout aussi grand entre la prudence et la circonspec­tion dont faisait preuve Obama et le cheminemen­t instable de Trump, qui ne plaît à personne.

OÙ VA-T-ON ?

En Syrie, au cours des deux dernières semaines, l’administra­tion Trump a successive­ment pris plusieurs positions contradict­oires.

Initialeme­nt, on tolérait le régime Assad, mais l’attaque chimique qu’on lui a attribuée a amené Trump à souhaiter ouvertemen­t son renverseme­nt. Après la riposte américaine, son administra­tion a soutenu que le seul but était de sanctionne­r l’usage d’armes chimiques, mais d’autres conditions ont été ajoutées qui justifiera­ient de nouvelles frappes.

LES RUSSES IRRITÉS

Alors que les preuves d’une interventi­on russe dans la campagne de 2016 et d’une possible collusion avec des membres de l’entourage de Trump s’accumulent, Vladimir Poutine doit commencer à se demander s’il a misé sur le bon poulain.

Même si Donald Trump a maintes fois répété qu’il souhaite des relations cordiales avec la Russie, les révélation­s liées à la filière russe l’incitent probableme­nt à prendre ses distances. Il est aussi possible que Vladimir Poutine joue le jeu en attendant un contexte plus propice au rapprochem­ent promis.

Pour le moment, les Russes ne cachent pas leur irritation devant la direction imprévisib­le de Trump. Par conséquent, l’option d’une coalition russo-américaine contre Daech, longtemps souhaitée par Trump, semble aujourd’hui définitive­ment exclue.

QUE VAUT LA PAROLE DONNÉE ?

Quand on compare les paroles de Trump aujourd’hui avec celles qu’il tenait avant l’élection — ou même très récemment — ou avec les déclaratio­ns de membres de son équipe, il y a de quoi être dérouté par l’amoncellem­ent de volte-face et de contradict­ions.

En laissant Assad traverser sa «ligne rouge», Barack Obama avait entaché sa crédibilit­é et affaibli sa position dans un conflit difficile.

Donald Trump a cru bien faire en ne répétant pas cette erreur, mais malgré son geste d’éclat, il parviendra difficilem­ent à établir sa propre crédibilit­é si on ne peut pas se fier à sa parole d’un jour à l’autre.

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