Les entreprises ont peur du pot au travail
Certaines commencent à l’interdire officiellement
Des entreprises québécoises demandent déjà conseil pour éviter de voir leurs employés débarquer au travail sous l’effet du cannabis lors de sa légalisation en juillet 2018.
«Nous sommes énormément sollicités pour faire de la prévention et des politiques pour interdire la drogue au travail», lance Luc Chabot, le président de la firme en ressources humaines Relais Expert-conseil.
De nombreux employeurs, dit-il, craignent que de fumer du pot avant ou pendant les heures de travail ne devienne banal une fois que la consommation récréative sera permise. Le gouvernement fédéral a présenté cette semaine son projet de loi à cet effet.
Des entreprises en construction, en aéronautique et des usines de machinerie lourde craignent notamment pour la sécurité de leurs travailleurs, selon M. Chabot. En ce moment, une vingtaine de ses clients sont préoccupés par la légalisation du pot.
Il raconte aussi avoir créé des politiques contre la drogue au travail pour des municipalités, depuis que des parents ont surpris des animateurs de camps de jour en train de s’allumer un joint, l’an dernier.
«Le téléphone sonne davantage, [le projet de loi] a réveillé plusieurs employeurs qui veulent être sûrs que leurs politiques sont à jour», ajoute quant à lui l’avocat spécialisé en droit du travail Éric Lallier, de Norton Rose Fulbright.
Si plusieurs employeurs interdisaient déjà l’alcool sur le lieu de travail, ils veulent maintenant ajouter le cannabis à la liste des interdits avant sa légalisation.
TESTS DE DÉPISTAGE
Par ailleurs, Me Lallier rappelle que les tests de dépistage obligatoires sont illégaux et qu’un employeur peut tester un travailleur seulement s’il a de sérieux doutes sur sa consommation.
N’empêche, les tests de dépistage sont de plus en plus populaires selon Stéphane Maurais, d’alco Prévention Canada.
Déjà, près d’une centaine de clients achètent des tests de salive pour détecter la consommation de drogue d’un employé, ce qui est permis s’il s’agit d’un poste où la sécurité peut être compromise.
«Une entreprise en construction ne pourrait pas tester sa secrétaire, par exemple, seulement les employés sur le chantier», explique-t-il.