Proche du but
Le constructeur coréen Kia ne vend pas que des petites voitures comme la Rio et la Forte. Au-delà de la berline intermédiaire Optima, il offre même une grande berline comparable aux Chrysler 300, Buick Lacrosse et autres modèles de ce genre. Elle se nomme Cadenza.
Si vous êtes le propriétaire d’une Kia Cadenza, vous êtes un automobiliste très spécial. Vous l’êtes d’abord parce que vous avez choisi d’acheter une automobile plutôt qu’un utilitaire, une décision de moins en moins fréquente. En Amérique du Nord, depuis 2012, les ventes de VUS ont augmenté de près de 60 %, tandis que les ventes d’automobiles chutaient d’au moins 10 %.
Vous êtes particulier aussi pour avoir choisi un des véhicules les moins connus sur le marché canadien; une auto qui a terminé au 248e rang du palmarès des ventes l’an dernier… sur environ 280 modèles. D’ailleurs, si vous avez fait l’acquisition de votre Cadenza durant le premier trimestre de 2017, vous faites partie d’un très petit groupe de 19 Canadiens qui ont fait de même. Pendant la même période, plus de 1000 Canadiens ont acheté une Chrysler 300, la voiture la plus populaire du créneau dont fait partie cette grande berline de Kia.
Ce créneau, qui regroupe également les Dodge Charger, Nissan Maxima, Chevrolet Impala et Toyota Avalon, est un de ceux qui ont le plus rétréci au fil des ans. Cela n’a pas empêché Kia d’introduire la Cadenza au Canada en avril 2013. Cette décision devait lui permettre, un an plus tard, d’élargir sa gamme jusqu’au créneau des berlines de prestige en lançant un autre modèle peu connu: la K900. Car à l’instar de Hyundai, Kia vise le haut de gamme et l’arrivée de ces deux berlines constitue l’amorce d’une stratégie.
NOUVELLE CADENZA POUR 2017
En 2017, Kia offre une nouvelle mouture de la Cadenza, la voiture dont nous avons fait l’essai. Cette nouveauté, qui a été dévoilée au Salon de l’auto de Toronto en février, a une silhouette et des dimensions très similaires à celles du modèle lancé il y a quatre ans.
Les volumes de son élégante silhouette ont peu changé. On remarque toutefois la partie avant redessinée, désormais dotée d’antibrouillards à quadruples projecteurs, un élément de style original introduit par le populaire Sorento, en 2016. De plus, les diodes électroluminescentes (DEL) des optiques avant et arrière adoptent une forme stylisée en Z très originale.
Les dimensions de la carrosserie n’ont guère changé. L’empattement n’augmente que de 10 mm, la longueur reste la même, la hauteur diminue marginalement, alors que la largeur gagne 20 mm. Le constructeur a aussi ajouté 4 mm de garde au sol, alors que le poids des différentes versions reste sensiblement le même.
Vue de profil, on note une extension de la ligne de toit vers l’arrière. Ce changement de 51 mm ne change rien au dégagement intérieur pour la tête à l’arrière, qui était déjà généreux, mais il améliore le coup d’oeil. Enfin, comme pour le modèle antérieur, la nouvelle Cadenza est équipée de jantes en alliage de 18 po ou 19 po, selon la version, dont les formes ont naturellement changé.
UN V6 BIEN CONNU
En somme, le constructeur a fait évoluer sobrement l’esthétique de cette voiture, tout comme sa méca-
nique, d’ailleurs. Sous son long capot, on découvre le même V6 de 3,3 L à injection directe qui animait le modèle 2016. Ce moteur, la Cadenza le partage avec le Sorento et la fourgonnette Sedona. Ses cotes sont à peu près les mêmes. La puissance passe de 293 à 290 ch, alors que son couple de 253 lb-pi signale une diminution de seulement 2 lb-pi. Ces cotes sont d’ailleurs obtenues aux mêmes régimes qu’auparavant. Tout cela explique pourquoi on met 7 s pour accélérer de 0 à 100 km/h, comme avec une Cadenza 2016.
Il y a au moins un élément technique important qui a changé: la boîte de vitesses. Cette Cadenza utilise une nouvelle boîte automatique à huit rapports développée par le groupe Hyundai-kia. Plus légère que la boîte à six rapports qu’elle remplace, elle procure des changements de rapports souples et rapides, en plus de contribuer à réduire un peu la consommation de carburant. Si l’on se fie à la cote moyenne annoncée par le constructeur, cette diminution serait de 5 % puisqu’elle passe de 10,7 à 10,2 L/100 km. Une cote réaliste, d’ailleurs, comme en témoigne la moyenne de 10,9 L/100 km relevée au terme de notre essai routier, que nous avons réalisé en empruntant divers trajets urbains et autoroutiers communs.
DOTATION SOPHISTIQUÉE
A priori, l’équipement offert par le constructeur pour les trois versions de la Cadenza paraît concurrentiel lorsqu’on le compare à ses rivales. L’équipement de série est relativement complet (Bluetooth, écran tac- tile, caméra arrière, coffre à ouverture assistée, sellerie de cuir, volant et sièges avant chauffants, etc.), alors que les deux versions plus cossues (celle que choisissent la plupart des acheteurs) bénéficient des attributs généralement recherchés (toit vitré panoramique, volant inclinable et télescopique électrique, banquette arrière chauffante, chaîne audio plus sophistiquée, etc.).
Ces deux versions offrent même quelques accessoires originaux, comme les pare-soleil des portières arrière et de la lunette.
Comme c’est souvent le cas, toutefois, seule la version haut de gamme Limited jouit de la panoplie de dispositifs modernes d’aide à la conduite offerte par Kia, un détail qui fait défaut à la version Premium.
De plus, si la Cadenza a fière allure et procure un habitacle spacieux et généralement bien équipé, l’apparence et la finition de l’intérieur manque de punch, du moins par rapport à ce qu’on voit dans les voitures rivales. De plus, la conduite de cette voiture n’est pas vraiment inspirante. La direction est trop légère, la suspension est trop molle et le moteur aurait besoin de vitamines. Or, à cette époque où même Lexus et Infiniti multiplient les versions au tempéra- ment sportif, il est clair que Kia devra emboîter le pas.
À UN POIL DE CONVAINCRE
L’acheteur d’une berline de ce calibre recherche bien plus qu’un simple véhicule. L’image de marque est particulièrement importante. Par divers attributs souvent arbitraires, à commencer par la notoriété, ce genre de voiture doit impressionner l’acheteur tout autant que son entourage. Or, la Cadenza souffre d’un manque de notoriété, d’une apparence fade et d’une mécanique qui manque de verve. Sa conception est donc à un poil de convaincre l’acheteur de ce genre de voiture.
Mais il suffit de se rappeler la progression fulgurante des ventes de la marque Kia au cours des deux dernières décennies pour comprendre que ses concepteurs sont à pied d’oeuvre pour mettre au point des voitures de prestige qui, bientôt, seront en mesure de rivaliser avec celles des marques allemandes et japonaises. Ce n’est qu’une question de temps.