Développer et gagner
L’équipe-école du Canadien participera aux séries pour la première fois en six saisons après avoir remporté un match crucial samedi face aux Marlies de Toronto.
Même si pour Marc Bergevin, le développement des joueurs dans la Ligue américaine est plus important qu’une participation aux séries, je peux vous dire qu’il est heureux et soulagé de voir les succès des Icecaps.
Il ne faut pas oublier que la formation de St. John’s va déménager à Laval la saison prochaine et la qualité du spectacle et un niveau de compétition élevé seront essentiels pour que le Rocket soit en mesure de remplir son amphithéâtre.
Qu’on le veuille ou non, le marché de Laval va forcer le Canadien à s’assurer que la victoire devienne la priorité et que ce ne soit pas fait au détriment du développement qui demeure primordial.
Présentement, l’entraîneur-chef des Icecaps, Sylvain Lefebvre, n’a pas à rougir de son travail parce qu’il a rempli le mandat qu’on lui avait donné. On a juste à regarder l’évolution du défenseur Brett Lernout pour comprendre que Lefebvre a fait du très bon boulot. Rien n’est parfait évidemment, mais l’objectif a été atteint.
Fait intéressant, les Icecaps vont disputer le premier tour des séries face aux Crunch de Syracuse, équipeécole du Lightning de Tampa Bay.
PHILOSOPHIES DIFFÉRENTES
Chaque organisation a sa façon de voir les choses sur le développement des joueurs et il n’y a pas de formule magique. Certaines équipes veulent avoir le plus de jeunes joueurs repêchés dans leur équipe de la Ligue américaine, alors que d’autres veulent gagner coûte que coûte.
Lors d’une entrevue que j’ai réalisée avec Julien Brisebois, directeur général adjoint du Lightning et directeur général du club-école à Syracuse, je lui ai parlé de sa philosophie, qui est d’abord et avant tout basée sur la victoire.
Par exemple, il n’a pas hésité à piger dans la cour du Tricolore en embauchant Gabriel Dumont et Michael Bournival, deux jeunes vétérans avec l’expérience de la LNH.
«C’est le type de joueurs souvent les plus attrayants, souligne Brisebois, qui a remporté la coupe Calder en 2007 et 2012. Des joueurs qui passent quatre ou cinq ans dans une organisation et qui n’ont pas encore atteint la LNH. Ce sont des joueurs qui ont besoin d’un nouveau départ. Ils ne sont pas plus vieux que tes jeunes et c’est facile de les intégrer parce qu’ils sont dans la mi-vingtaine. Ce sont de bons joueurs et de bonnes personnes pour entourer nos jeunes.»
ÉLEVER LE NIVEAU DE JEU
En ayant une dizaine de joueurs qui ont entre 25 ans et 30 ans dans sa formation, le Crunch est évidemment une équipe difficile à battre. Ce que Julien Brisebois veut, c’est de s’assurer que les jeunes joueurs repêchés par le Lightning soient forcés d’élever leur jeu d’un cran lorsqu’ils arrivent dans la Ligue américaine.
«Je vais prendre l’exemple d’un jeune attaquant qu’on repêche en première ronde et qui se retrouve à Syracuse. S’il n’y a personne pour jouer en sa compagnie, qui a le même niveau de talent, son développement va ralentir. On veut le tirer vers le haut alors que la vitesse d’exécution sera plus rapide. On veut un environnement très compétitif. On veut que nos jeunes espoirs grandissent dans ce genre d’environnement où il y a beaucoup d’intensité dans les matchs. On veut sortir nos jeunes de leur zone de confort.»
Et il y a l’arrivée de Benoît Groulx derrière le banc du Crunch qui a atteint tous ses objectifs cette saison.
«L’entraîneur-chef de ton club-école occupe un poste névralgique dans une organisation. C’est lui qui a le plus gros rôle sur le développement de tes espoirs. C’est le pipeline de ton équipe. Si tu ne développes pas de joueurs, c’est difficile de te maintenir en raison du plafond salarial.»