LES « ENFANTS RITALIN » ENVAHISSENT NOS UNIVERSITÉS
Leur nombre a plus que doublé en cinq ans dans le réseau universitaire québécois
Le nombre d’étudiants universitaires ayant un handicap comme un déficit d’attention ou un trouble d’apprentissage a plus que doublé en cinq ans au Québec.
Il y a deux ans, Le Journal rapportait que ceux qu’on a déjà appelés «les enfants Ritalin» étaient de plus en plus nombreux dans les universités québécoises. Or, le phénomène continue à prendre de l’ampleur. En 2011-2012, on comptait environ 5000 étudiants «en situation de handicap» dans le réseau universitaire, comparativement à plus de 12 000 cinq ans plus tard ( voir encadré).
L’augmentation est en grande partie attribuable aux étudiants qui ont un déficit d’attention, dont le nombre a plus que quadruplé en cinq ans. Les étudiants qui ont des troubles d’apprentissage et de santé mentale sont aussi plus nombreux.
Cette augmentation révèle d’abord une bonne nouvelle, affirme Gordon Dionne, président de l’association québécoise inter- universitaire des conseillers aux étudiants en situation de handicap. Grâce au soutien reçu au secondaire et au cégep, ces élèves ont été capables de poursuivre leurs études jusqu’à l’université, ce qui n’était pas toujours le cas avant.
«C’est une grande réussite» puisque les études universitaires sont maintenant plus accessibles qu’avant pour ces étudiants, indique M. Dionne, qui est conseiller à l’université Concordia.
Ceux qui se font diagnostiquer un déficit d’attention ou un trouble d’apprentissage à l’âge adulte sont aussi plus nombreux, comme AnnaRose Bélanger ( voir autre article).
DÉFIS ET PRÉJUGÉS
Cette hausse représente un défi pour les universités, appelées à leur fournir du soutien et des mesures d’accommodements, ajoute-t-il. Il peut s’agir de permettre à un étudiant qui a un déficit d’attention d’avoir plus de temps pour passer un examen.
Il reste aussi du travail à faire afin de briser certains mythes, ajoute Anne-louise Fournier, coordonnatrice des services offerts aux étudiants en situation de handicap à l’université Laval. «Il y a encore beaucoup de préjugés pour un handicap qui n’est pas visible» comme un déficit d’attention ou un trouble d’apprentissage, affirme Mme Fournier.
«Jamais on ne remettra en question un handicap physique, lorsqu’on voit quelqu’un en fauteuil roulant, poursuitelle. Mais pour un handicap invisible, les gens vont avoir le réflexe de se dire: “Est-ce que c’est vrai?” alors que ce sont des étudiants qui ont vraiment un trouble neurologique.»
SENSIBILISATION
Pour s’attaquer aux préjugés entourant les étudiants en situation de handicap, l’université Laval a justement lancé récemment une campagne de sensibilisation qui s’adresse à toute la communauté universitaire. Le niveau d’acceptabilité varie d’un programme à l’autre, indique Mme Fournier.
Or, cette dernière rappelle que «l’étudiant type» n’existe pas puisque les profils sont maintenant très différents d’un étudiant à l’autre. «La normalité, c’est la diversité, aujourd’hui», lance-t-elle.