Trudeau « un désastre » comme Trump
Un militant en environnement taxe le premier ministre d’« hypocrisie »
Justin Trudeau est aussi néfaste que Donald Trump pour l’environnement, a publié un chroniqueur d’un quotidien britannique hier. L’article exagère, mais il cible avec justesse «l’hypocrisie» de ses politiques, selon des militants d’ici.
«Arrêtez de vous pâmer sur Justin Trudeau. Cet homme est un désastre pour la planète.» C’est ainsi que s’intitule le billet du militant environnementaliste Bill Mckibben, qui a été publié dans le prestigieux quotidien The Guardian et partagé plus de 19 000 fois hier.
En matière de luttes contre les changements climatiques, M. Trudeau serait le «frère du vieil homme orange de Washington», estime Mckibben.
«Donald Trump est un type sale et déplaisant à regarder, mais au moins il n’est pas un hypocrite», dit-il.
Il cite le fait que M. Trudeau ait approuvé de nouveaux oléoducs pour transporter du pétrole de sables bitumineux, «un des plus grands désastres climatiques». Le tout en ratifiant l’accord de Paris qui vise à maintenir sous le seuil de 2 °C le réchauffement de la planète.
«Si le Canada envoie son pétrole partout dans le monde, rien ne pourrait compenser [l’impact climatique], même si tous les Tim Horton’s arrêtaient de vendre des beignes et se mettaient à vendre des panneaux solaires.»
DES CANADIENS PLUS MODÉRÉS
Pour les militants québécois interrogés par Le Journal, les politiques environnementales contradictoires de Justin Trudeau doivent être dénoncées. «Mais c’est sûr que si on le compare au pire cas d’espèce, on ne peut pas dire que Trudeau est aussi néfaste», avoue Patrick Bonin, de Greenpeace Canada.
«[Mckibben] y va fort. Sur le plan du discours et des orientations, Trudeau a quand même fait des avancées importantes», rappelle Karel Mayrand, de la Fondation David Suzuki.
Trump est un climatosceptique qui veut redonner vie à l’industrie du char- bon, tandis que Trudeau a doté le Canada d’un plan de lutte contre les changements climatiques et investi dans les transports en commun.
LE PROBLÈME
Le hic, c’est que M. Trudeau refuse de mettre le frein sur l’exploitation des sables bitumineux, ce qui condamne le Canada à rater ses cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre, explique M. Mayrand. «C’est l’équivalent de lutter contre le tabagisme tout en soutenant l’industrie du tabac».
«Il faudrait qu’il inverse ses récentes décisions [d’approbation d’oléoducs] pour être crédible», croit M. Bonin.
Et surtout, qu’il n’approuve pas le projet Énergie Est, insiste Daniel Green du Parti vert. «Si jamais il l’approuv[ait], cela scellerait la réputation du Canada comme destructeur de l’environnement. Si ça arrive, on va prendre l’article de Mckibben et l’encadrer. Ça deviendrait une prophétie réalisée», dit M. Green.
«[Énergie Est], ce serait une déclaration de guerre», abonde M. Bonin.