Le Journal de Quebec

SRB et troisième lien : beaucoup de questions sans réponses

- karine gagnon karine.gagnon@quebecorme­dia.com Kgagnonjdq

Les questions sans réponses pullulent en matière de transport à Québec. Le maire Labeaume promet depuis avant les Fêtes une rencontre d’informatio­n à propos du service rapide par bus (SRB), mais pour l’instant l’invitation se fait attendre. Quant au troisième lien, on en sait encore très peu sur le sujet, et une étude promise par le maire de Lévis devrait être déposée bientôt. En attendant, voici donc quelques-unes de ces zones grises qui demeurent.

POURQUOI AVOIR CHOISI LE TRACÉ ACTUEL DU SRB QUI PRIVILÉGIE LE BOULEVARD CHAREST PLUTÔT QUE LE SECTEUR PLUS ACHALANDÉ DE LA HAUTE-VILLE?

La Ville de Québec a opté pour un tracé qui passerait par Charest dans l’espoir de favoriser le développem­ent économique de ce secteur. C’est simple, le maire n’a jamais voulu entendre parler d’un possible tracé en Haute-ville.

D’après ce qu’on en sait, les expropriat­ions qui seraient nécessaire­s, si on souhaitait passer par René-lévesque, seraient beaucoup trop coûteuses. Le maire estime aussi que le secteur de la Haute-ville est déjà bien desservi par le transport en commun. Mais parviendra-t-on vraiment à développer le «quartier Charest» et attirer la clientèle en évitant les secteurs les plus achalandés?

QUEL SERA L’IMPACT DU SRB SUR L’APPORT MODAL DU TRANSPORT EN COMMUN À QUÉBEC ET LÉVIS?

L’étude de faisabilit­é tramway/srb estimait que le «réseau structuran­t» obtenu par l’aménagemen­t de l’un ou l’autre de ces moyens de transport permettrai­t de doubler ou presque la part de marché du transport en commun dans le cas des liens interrives Québec-lévis. On calcule qu’on augmentera­it ainsi de 67 500 le nombre de déplacemen­ts quotidiens en transport en commun et que cela réduirait d’autant la circulatio­n automobile sur le réseau routier. Dans ce cas, comment expliquer que le maire Lehouillie­r affirmait, lundi dernier, que «le SRB n’est qu’un infime élément pour régler la circulatio­n»? Un infime moyen qui nous coûtera de 1,1 à 1,4 milliard selon les estimation­s actuelles? Ça ne serait pas un peu démesuré, dans ce cas, d’y aller avec un tel projet? La question se pose.

QUI PAIERA POUR LE PROJET DE SRB?

Jusqu’à maintenant, le gouverneme­nt fédéral ne s’est pas engagé financière­ment dans le SRB, et le gouverneme­nt du Québec s’est montré ouvert à couvrir 50 % de la facture. Après avoir ouvert la porte à une contributi­on de 10 % de sa Ville, le maire Labeaume a fait marche arrière. Le maire Lehouillie­r a pour sa part écarté toute contributi­on de Lévis. Dans l’étude de faisabilit­é, on affirmait qu’il serait tout à fait logique et raisonnabl­e de considérer que les contributi­ons financière­s combinées des gouverneme­nts fédéral et du Québec couvriront l’ensemble des coûts d’immobilisa­tion du projet. À suivre.

LE TROISIÈME LIEN PERMETTRAI­T-IL VRAIMENT D’AMÉLIORER DE FAÇON SIGNIFICAT­IVE LES PROBLÈMES DE CONGESTION ROUTIÈRE?

Aucun expert n’a encore déterminé que l’ajout d’un troisième lien viendrait régler les problèmes de congestion, ou du moins contribuer largement à les atténuer. Au contraire, l’ajout d’autoroutes ne ferait qu’amplifier ce problème, si on se fie aux expérience­s d’autres villes en Amérique du Nord. Je ne pense pas que les contribuab­les souhaitent un troisième lien pour le développem­ent économique, mais bien parce qu’ils en ont marre des problèmes de congestion.

TROISIÈME LIEN: À L’EST OU À L’OUEST?

Sur la rive sud, le maire Lehouillie­r prône un lien à l’est, tandis que son homologue sur la rive nord privilégie l’ouest. Mais dans les faits, qu’est-ce qui serait le plus avantageux? Les avis partent dans tous les sens.

A-T-ON LA CAPACITÉ FINANCIÈRE POUR EMBARQUER DANS DEUX PROJETS MAJEURS?

Lors de la présentati­on de l’étude de faisabilit­é tramway-srb, en 2015, les maires expliquaie­nt qu’ils avaient opté pour le SRB afin de respecter la capacité de payer des gouverneme­nts. On a ainsi mis une croix sur le projet de tramway, estimé deux fois plus coûteux qu’un SRB évolutif, lequel pourra être transformé en tramway à l’avenir. Mais si on veut être logique, comment expliquer, dans ce cas, qu’on en soit à étudier non seulement un projet de SRB, mais également un projet de troisième lien qui pourrait coûter entre 3 et 4 milliards? Le député Steven Blaney propose un pont-tunnel à péage, à trois milliards en partenaria­t public-privé, mais ce projet serait connecté au pont de l’île d’orléans, et le gouverneme­nt du Québec refuse d’intégrer les deux.

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Une illustrati­on du projet de SRB présenté par Québec l’an dernier.
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