Le Journal de Quebec

Les inspecteur­s de plus en plus victimes d’intimidati­on

Les restaurate­urs et les producteur­s s’en prennent parfois violemment à la police de l’alimentati­on

- Dominique Scali

L’une a été menacée avec un « rack en métal», l’autre a dû se cacher dans une chambre froide pour appeler la police. Les cas de violence et d’intimidati­on envers les inspecteur­s du ministère de l’alimentati­on atteignent des sommets cette année.

Le MAPAQ dénombre déjà 90 incidents en 2016-2017, alors qu’on en comptait au maximum 65 au cours des cinq dernières années. Des inspecteur­s ont maintenant mis au point des trucs pour se protéger.

«Je stationne toujours mon auto de reculons pour pouvoir partir plus vite [en cas d’incident]», mentionne une inspectric­e du ministère de l’agricultur­e, des Pêcheries et de l’alimentati­on, qui préfère taire son nom pour ne pas subir de représaill­es. Le Journal publiait en novembre un article sur les inspecteur­s spécialisé­s en santé animale, qui se font souvent insulter ou intimider. Or, la situation est généralisé­e à tous les types d’inspection du MAPAQ, a-t-on pu constater en parcourant la centaine de rapports d’incidents des deux dernières années. Même qu’en 2016-2017, le nombre d’incidents est plus élevé dans les restaurant­s et épiceries.

UNIFORME DEMANDÉ

«On ne sait jamais sur quoi on va tom- ber», explique l’inspectric­e, qui fait toutes sortes de visites, non seulement en santé animale, mais aussi dans les abattoirs et les restaurant­s.

«On est un peu la police de l’alimentati­on et du bien-être animal», ajoute celle qui n’a toutefois pas l’impression d’avoir droit au même respect que les policiers.

En 2016, un propriétai­re de chevaux a brandi un « rack en métal» et a tenté d’ouvrir la portière de la voiture de l’inspectric­e quand elle essayait de s’enfuir. En 2014, un inspecteur a dû se cacher dans la chambre froide d’un abattoir.

«Au nombre d’événements, [la violence et l’intimidati­on sont] une plaie. [...] Déjà, un uniforme ferait une différence», dit Christian Daigle, président du Syndicat de la fonction publique du Québec.

Il affirme avoir suggéré cette solution à l’employeur il y a quelques années, mais que rien n’a bougé. Le MAPAQ indique ne pas avoir l’intention d’implanter un uniforme, mais rappelle que des sarraus ou des dossards identifiés sont portés lors de certaines inspection­s.

RETOUR SUR LES LIEUX

Les inspecteur­s sont appelés à retourner plusieurs fois sur des lieux où ils ont déjà été menacés. Résultat, le syndicat observe de plus en plus de cas de détres- se chez eux, dit M. Daigle.

Il estime que le consommate­ur est lui aussi perdant. Un inspecteur qui craint pour sa sécurité ne peut pas être aussi minutieux que d’habitude.

«Ultimement, c’est la sécurité du public qui est en jeu.»

De son côté, le MAPAQ dit avoir une politique de tolérance zéro envers les gestes agressifs.

Si le propriétai­re du commerce ne corrige pas son attitude, des mesures peuvent être prises, comme l’envoi d’un inspecteur accompagné d’un policier, ou encore le dépôt d’une plainte à la police en cas de voie de fait.

 ??  ?? Saisie de 224 animaux qui vivaient dans des conditions d’insalubrit­é dans une usine à chiots en mai 2014 à Bonsecours, en Estrie. L’opération a été réalisée par la Société protectric­e des animaux (SPA) de l’estrie, en collaborat­ion avec le MAPAQ.
Saisie de 224 animaux qui vivaient dans des conditions d’insalubrit­é dans une usine à chiots en mai 2014 à Bonsecours, en Estrie. L’opération a été réalisée par la Société protectric­e des animaux (SPA) de l’estrie, en collaborat­ion avec le MAPAQ.

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