Le Journal de Quebec

Les policiers plus tolérants envers le pot dès maintenant

BUREAU PARLEMENTA­IRE

- f 613.380.8205 Christophe­r Nardi l@ Chrisgnard­i christophe­r.nardi@quebecorme­dia.com

OTTAWA | D’ici la légalisati­on de la marijuana récréative en juillet 2018, tout porte à croire que les policiers québécois seront bien plus tolérants envers ceux qui se font pincer avec de petites quantités de cannabis, même si cette drogue demeure illégale.

Les experts en affaires policières, les ex-policiers et même des sources au sein des forces de l’ordre interrogés par Le Journal s’entendent pour dire que le message clair envoyé par le dépôt d’un projet de loi visant la légalisati­on du pot refroidira les ardeurs des agents de la paix dans leur chasse aux consommate­urs de pot.

«Déjà avec l’annonce que le gouverneme­nt fédéral comptait légaliser le cannabis, on sentait un petit relâchemen­t chez les policiers contre ceux qui en fumaient en public. Maintenant, je m’attends à ce que 95 % des agents soient beaucoup plus laxistes envers le pot en petites quantités», a analysé Claude Aubin, ancien détective au SPVM.

D’AUTRES PRIORITÉS

Selon nos informatio­ns, les policiers et même la direction de certains services concentrer­ont leurs ressources sur des cas plus graves, tels que la lutte aux drogues dures et les réseaux du crime organisé qui les vendent.

«Ce n’est pas fou de penser que si le cannabis est légalisé l’an prochain, plusieurs policiers vont naturellem­ent avoir le réflexe de dire qu’ils vont se concentrer sur d’autres choses. Je ne pense même pas que les services de police et leur direction continuero­nt à mettre l’accent sur la lutte à la possession simple de pot», a indiqué une source policière bien placée.

Même l’associatio­n canadienne des chefs de police (ACCP) dit que la priorité donnée à la lutte contre la possession simple de cannabis variera d’un corps policier à un autre.

«Ces décisions sont prises par chaque service de police et dépendent du niveau de priorité qu’on leur accorde», a commenté Tim Smith, porte-parole de L’ACCP.

Pourtant, les services policiers contactés par Le Journal ont plutôt insisté sur le fait que tant que le cannabis n’est pas légalisé, en posséder demeure une infraction criminelle qui peut toujours se retrouver devant les tribunaux.

LA LOI EST LA LOI

«La loi est la loi, et nous sommes là pour l’appliquer dans sa forme actuelle», ont commenté de nombreux services policiers québécois, dont ceux de Montréal et Québec.

C’est également le message que répètent les ministres du gouverneme­nt Trudeau.

Or, plus le temps avance, plus la légalisati­on devient imminente, moins les policiers et les procureurs voudront traîner ces dossiers en cour, croit le président de la Fraternité des policiers et policières de la Ville de Québec.

«Plus on s’approche de la date [de la légalisati­on], plus ça va devenir difficile de mettre en applicatio­n [la loi]. Les tribunaux, après, comment ils vont traiter le dossier? Rendus là, les policiers vont faire ce qu’ils ont à faire et ce sera aux procureurs de la Couronne de décider s’ils portent des accusation­s criminelle­s ou pas», a lancé Marc Richard.

 ??  ?? Lors de l’opération Cisaille en 2015, les policiers ont éradiqué une vaste plantation de cannabis dans le village de Saint-elphège.
Lors de l’opération Cisaille en 2015, les policiers ont éradiqué une vaste plantation de cannabis dans le village de Saint-elphège.
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