Le Journal de Quebec

Mon enfant, mon agresseur

- MARTINE DESJARDINS cmartine. desjardins @quebecorme­dia.com L @m_desjardins

Un matin comme les autres. Lise court pour habiller les enfants, elle les presse de prendre leurs sacs à dos pour l’école. Le petit dernier, 8 ans, est en crise. Il lance des objets, se désorganis­e. Jusque-là, tout est normal, mais la vie de Lise bascule en deux minutes.

L’enfant agrippe le col de son manteau et le tire vers lui, elle suffoque. Elle n’a pas le réflexe de descendre la fermeture éclair, simplement de regarder dans les yeux son enfant, qui l’étrangle, via son rétroviseu­r. À ce moment, l’enfant lâche sa prise. Lise recompose son visage et fait monter les deux autres enfants pour l’école. Elle sait que tout ne sera plus comme avant.

OÙ SONT LES RESSOURCES ?

Deux mois plus tôt, Steve, son enfant de 8 ans, a passé trois mois à l’hôpital pour gérer son anxiété et ses gestes violents. Il est de retour à la maison sans suivi de la part du système de santé et des services sociaux.

À l’école pourtant, il a un suivi exemplaire: une école spécialisé­e pour les enfants violents. Lise ne comprend pas pourquoi le système de santé n’offre aucun suivi.

Le matin de l’agression, elle est allée au travail sans pouvoir travailler. Elle a fait une plainte contre son propre enfant à la DPJ. Elle a toujours espoir de le sauver, mais il faut que le système l’aide à l’aider. Elle veut protéger ses autres enfants.

Depuis les changement­s dans le système de santé et des services sociaux du ministre Barrette, les cas comme celui de Steve sont traités en urgence, pas en prévention. On ne sait pas quoi faire d’un enfant de 8 ans.

Pourtant, un jour il aura 20 ans, sera en couple et on se demandera ce que nous aurions pu faire pour sauver sa conjointe à temps.

Cas réel, noms fictifs.

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