Dans l’intimité de la reine Margot
Avec sa plume raffinée et son sens du récit exceptionnel, la romancière française Catherine Hermary-vieille plonge ses lecteurs dans les alcôves et les jardins des grands palais de la Renaissance avec un roman historique magistral, D’or et de sang.
Sous sa plume revivent d’un coup les derniers souverains de cette époque de violence, de cruauté et de dégénérescence. Soumis à Catherine de Médicis, régente ambitieuse, François II, Charles IX, Henri III et le duc d’anjou disparaîtront tous dans la fleur de l’âge: fous, malades ou assassinés.
Leur soeur Marguerite, «la perle des Valois», affiche une vie libertine et collectionne les amants. Elle n’aura malheureusement pas d’autre choix que se plier à la raison d’état et d’épouser Henri de Navarre, futur Henri IV.
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Margot, la femme fatale, apparaît dans toute sa splendeur, sa sensualité et sa vulnérabilité dans le roman de Catherine Hermary-vieille. À ses côtés, on revit la grandeur d’une cour et la petitesse de certains — le tout faisant penser à un gigantesque panier de crabes.
«C’est un livre qui m’a demandé énormément de recherches pour mettre en scène toute cette famille maudite», explique Catherine Hermary-vieille en entrevue de son domicile de Charlottesville, en Virginie. «Les Valois étaient les petits-enfants de François Ier, contemporain du roi d’angleterre Henri VIII, dont j’avais parlé dans la trilogie de La Rose d’anjou. Cette descendance a vite été anéantie, car ce sont ses petits-enfants qui ont marqué la fin de la lignée des Valois. Après, c’est le début du règne des Bourbon.»
Fragile et cruelle
La romancière s’est d’abord attaquée aux biographies et aux documents historiques sur Catherine de Médicis, Charles IX, Henri III et la Reine Margot. «Une fois que j’ai bien senti la vie de ces différents personnages, j’ai voulu réunir toute cette fratrie. Ils sont à mon avis indissociables les uns des autres.»
C’était une fratrie à la fois fragile et cruelle. «Elle était déstabilisée par la présence d’une mère très possessive, très autoritaire qui a elle-même connu des grands malheurs puisqu’elle a perdu son mari d’une façon atroce dans un tournoi», ajoute-t-elle.
Catherine Hermary-vieille note que ses enfants ont été confrontés très tôt à des épisodes violents: la mort du père, les premières révoltes protestantes. «C’est une période où on est à la fois très religieux et en même temps d’une violence inouïe. C’est un mélange curieux, très choquant, d’une grande piété et d’une grande cruauté.»
Margot, une « Pauvre FEMME »
La reine Margot, attachante, bafouée, est pour elle une «pauvre femme». «C’est une femme qui n’a jamais vraiment existé, dans la mesure où sa mère ne l’aimait pas, elle n’était bien qu’avec son petit frère. Elle n’a jamais eu sa vraie place: on l’a mariée de force à son cousin pour lequel elle n’avait aucun attrait alors qu’elle était très amoureuse du Duc de Guise.»
«Elle a été manipulée comme un objet alors que c’était une femme intelligente, qui était orgueilleuse et qui a essayé de survivre en se faisant aimer par une succession d’amants, les uns qui avaient peut-être une certaine valeur et les autres, pas du tout.»
Malgré tout cela, Margot n’a subi l’influence de personne. «Elle est la seule qu’on peut penser être libre dans cette fratrie. [...] Elle a essayé de se tailler sa part de bonheur... mais en vain parce qu’elle a quand même été enfermée des années en Auvergne dans une forteresse inconfortable. C’est vraiment une victime... mais une victime admirable.»