Le Journal de Quebec

Le fou furieux est en cavale!

- MARIE-FRANCE BORNAIS Le Journal de Québec

Après avoir délecté ses lecteurs avec La bête à sa mère et La bête et sa cage, le talentueux poète et romancier David Goudreault propose une formidable cavale au pays d’un fou furieux avec le dernier tome de cette trilogie délirante, Abattre la bête.

Avec sa voix drôle, crue, insolente, d’une grande originalit­é, David amène le fameux narrateur psychotiqu­e à son procès. Condamné pour aliénation mentale, il sera interné à l’institut Pinel. Mais pas pour longtemps: la bête ne cherche qu’à s’évader pour retrouver sa maman. Dans sa fuite effrénée, le fou furieux fait tout ce qu’il peut pour se cacher et échapper aux policiers.

« TRASHY-COMIQUE »

David Goudreaut, gagnant de la Coupe du monde de poésie, du Grand Prix littéraire Archambaul­t, du Prix des nouvelles voix de la littératur­e, médaillé de l’assemblée nationale, démontre l’ampleur de son talent dans cette nouvelle histoire où l’action côtoie la folie – tout le temps.

Le poète a trouvé un adjectif pour décrire ce qu’il écrit: du «trashy-comique». «C’est trash, c’est drôle et il y a un certain réalisme quand même au travers, et ça reste littéraire. C’est ça l’enjeu: j’assume que ça se veut drôle, humoristiq­ue, mais littéraire pour vrai. Je veux que ce soit travaillé», explique-t-il en entrevue.

Pour Abattre la bête, David avait de la pression sur les épaules. «Les deux premiers avaient eu un beau succès et parfois, le danger, c’est de finir une trilogie en queue de poisson et que la fin ne soit pas à la hauteur de la prémisse. Mais je suis vraiment heureux. Il a fallu que j’attende, que je me retienne dans l’écriture pour être sûr d’avoir une finale qui me convienne. À date, ça marche. Je suis rassuré.»

Se glisser dans la peau de ce personnage n’a pas été trop difficile. «Ce qui est peut-être inquiétant, en fait!» ajoute-t-il. «Il y a un exutoire parce que c’est tellement loin de qui je suis... En réalité, je suis un végétarien abstinent, travailleu­r social, humaniste, alors on est à des années-lumière de ce personnage complèteme­nt intoxiqué, je-m’en-foutiste, qui rentre dans le tas sans se soucier de l’impact de sa folie.»

Le seul filtre qu’il a, ce sont ses distorsion­s cognitives. «Elles lui permettent de justifier toutes ses conneries et toute sa folie. Lui, il l’a l’affaire et les autres l’ont pas.»

DÉLIRANTE

Sa mythomanie est délirante. «Jusqu’à un certain point, je considère que ce personnage collection­ne les diagnostic­s psychiatri­ques: il a un trouble de personnali­té antisocial­e, trouble de personnali­té narcissiqu­e, des troubles d’adaptation, de la toxico- manie... Pour moi il est vraiment dressed gratiné!»

Dans ce troisième tome, il y a encore plus d’action. «On est dans la fuite vers l’avant, dans la cavale. Je considère que dans cette espèce de suspense qui avance rapidement, pour moi, il y a quelque chose d’angoissant. Mais je prends beaucoup de notes en amont avant d’écrire. Et quand j’arrive à me faire rire moi-même, à me trouver moi-même trop intense, c’est bon signe. Ce que j’écris est provo- all cant, mais pas impertinen­t. Je n’ai pas peur d’aller dans les coins plus sombres de la psychologi­e humaine.»

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