LOUISE DESCHÂTELETS
Une vie marquée par la solitude
J’ai 83 ans et je suis une femme désespérément seule dans la vie. Je n’ai plus ni père ni mère, ni frère, ni soeur. Personne sur qui compter. Jeune, je m’étais accrochée à un alcoolique qui ne souhaitait pas d’enfant mais qui a finalement accepté de m’en faire un. Nous avons eu une fille.
Cette fille a aujourd’hui 55 ans. Elle m’appelle de temps en temps pour prendre de mes nouvelles, mais pas souvent puisque son mari ne m’aime pas. Il aime avoir le contrôle et moi je déteste ceux qui veulent me contrôler. Entre lui et moi, ça ne clicke pas beaucoup car je déteste me faire runner.
Il s’était un jour mis dans la tête de me placer dans une résidence qui coûtait 1500$ par mois. Comme je ne dispose que de 1200$ par mois, j’ai dit non. Il m’a proposé de payer la différence aussi longtemps qu’il le faudrait, mais j’ai tenu mon bout et ça l’a ben choqué. J’ai passé ma vie à payer mes affaires et je ne vais pas commencer à changer ma façon de faire à mon âge.
Ils ont deux fils. Le premier né en 1990 que j’ai gardé pendant 7 ans alors que ma fille travaillait. L’autre est né en 1996. En 2002 ils m’ont proposé d’aller avec eux à Walt Disney. La perspective de ce voyage me ravissait même si je n’avais pas les fonds requis pour me le payer. Mais je me suis entendue avec mon gendre pour que ma contribution consiste en l’argent de poche que j’apporterais pour mes petites dépenses personnelles.
Je suis donc partie avec les 500 dollars dont je disposais. Ce qui était considérable pour moi. Dès le début du voyage, il m’a demandé combien j’avais emporté d’argent. Je lui ai menti en disant 300$ et il m’a dit : « Donnez-moi ça! » J’ai pensé qu’il blaguait mais il était sérieux et il a pris mon argent.
Après m’avoir ainsi flouée, il a décidé de faire la grève de la parole. On s’est donc promené tout le voyage sans se parler. Lui avec son aîné par la main, ma fille avec son plus jeune, et moi toute seule en arrière. J’en ai pleuré un coup pendant tout le séjour avec pas une cenne dans mes poches (je refusais de lui avouer que j’avais encore 200$) sous un soleil de plomb. Une seule fois il m’a payé un Bloody Cesar
Une fois l’automne dernier ma fille m’a invitée à souper. Je suis arrivée avec mon transport adapté alors qu’elle n’était pas encore rentrée du travail (elle a deux jobs). Ça a pris à mon gendre tout son petit change pour venir m’ouvrir et me faire un café en attendant. Depuis, ma fille vient me voir, pas longtemps, à tous les mois et demi. J’ai passé les fêtes toute seule, et je sens que ça risque d’être comme ça jusqu’à mon grand départ. La solitude, ça finit par peser! Claire
On ne peut pas forcer un coeur à aimer, et je pense qu’il vaut mieux faire une croix sur une relation familiale qui a peu de chance de s’améliorer vu certaines incompatibilités de caractère. Mais comme je sens dans votre sous-texte que vous vivez un grand manque au niveau de la communication humaine, que je ne puis entreprendre avec vous une correspondance personnelle et intime comme vous le souhaiteriz, voici quelques suggestions pour vous permettre de sortir de votre solitude. Je sais par votre adresse dans quel coin vous habitez et je vous propose en premier lieu de vous rendre à votre CLSC rue Jarry (514) 376-4141. On pourra très certainement vous faire des suggestions de groupes d’entraide sociale. Et à défaut, je vous souligne qu’à la Coop de solidarité Novalde
(514) 278-6767 ainsi qu’à Renaissance (438) 384-4693 vous pourriez trouver des oreilles attentives à votre situation.