Ce sera Macron ou Le Pen
Le candidat centriste termine en tête au premier tour des élections, devant Marine Le Pen
LE JOURNAL | Le second tour de la présidentielle en France opposera le candidat du centre, Emmanuel Macron, à la chef de l’extrême droite, Marine Le Pen, qui est donnée largement battue.
Au terme d’une campagne qui a tenu les Français en haleine, le premier tour d’hier a désigné deux candidats «anti-système», mais avec deux visions opposées sur l’avenir de la France dans l’union européenne.
C’est la première fois que les deux grands partis qui dominent depuis près d’un demi-siècle, Les Républicains et le Parti socialiste, sont éliminés d’une présidentielle.
TOURNER LA PAGE
«On tourne clairement aujourd’hui une page de la vie politique française», a déclaré à L’AFP Emmanuel Macron, qui se présente pour la première fois à une élection, avec son mouvement En marche! créé l’an dernier.
Cet ex-ministre de l’économie est arrivé en tête avec plus de 23,9 % des voix. Sa concurrente, Marine Le Pen, a été créditée de 21,4 % des voix, selon des résultats presque définitifs du ministère de l’intérieur.
Cette dernière a salué «un résultat historique», avec le score le plus élevé de son parti à une élection présidentielle.
LE PEN PERDANTE
Des sondages publiés hier soir prédisent toutefois qu’elle sera largement battue après le report des voix qui lui est très défavorable.
L’écrasante majorité de la classe politique française, à droite comme à gauche, a appelé à contrer l’extrême droite. «Non au chaos, a dit le candidat défait François Fillon. Il n’y a pas d’autre choix que de voter contre l’extrême droite.»
Ce dernier est arrivé en troisième position avec 19,9% des voix malgré ses efforts pour contrecarrer l’effet désastreux de ses démêlés judiciaires.
Le candidat de l’extrême gauche, Jean-luc Mélenchon, qui a récolté 19,6% des votes, n’a pas donné de consigne à ses partisans pour la suite des choses. Il attend de consulter ses électeurs avant de se prononcer.
Très loin derrière, le socialiste Benoît Hamon n’a recueilli que 6,2%. Il s’agit d’une débâcle pour le Parti socialiste au pouvoir depuis cinq ans.
– Avec L’AFP
Emmanuel Macron sera élu président de la France le 7 mai prochain. Car il est impensable que Marine Le Pen obtienne suffisamment de voix pour remporter le second tour des présidentielles.
Hier, le parti socialiste s’est effondré. Et ce fut la déconfiture de la droite républicaine avec la défaite de François Fillon. La France ne vote plus selon le schéma gauche droite.
En ce sens, la victoire d’emmanuel Macron annonce l’émergence d’une troisième voie en France. Une France qui a toujours insupporté l’idée d’un centre en politique.
PRÉSIDENT À 37 ANS
Qui eût cru qu’un jeune banquier de 37 ans, ministre de l’économie de François Hollande sans jamais avoir été élu, réussisse en moins d’un an à créer son mouvement En Marche! qui le propulsera au sommet de l’état. Le vieux pays vient de rompre avec les vieux partis qui l’ont dirigé depuis la création de la Ve République.
Mais la France s’est radicalisée en appuyant la candidate du Front national, Marine Le Pen, et Jean-luc Mélanchon, candidat du mouvement La France insoumise. Plus de 40 % des électeurs ont voté pour ce qu’il y a d’extrême à droite comme à gauche sur l’échiquier politique français. Cela fait 20 millions de Français qui rejettent les partis démocratiques traditionnels.
Le populisme de Le Pen et Mélanchon n’a rien à envier à celui de Donald Trump. La France rentre donc de plainpied dans le courant actuel qui sévit dans nombre de pays démocratiques.
En fait, ces partis sont appuyés par tous les citoyens qui se sentent trahis par les élites politiques, économiques et culturelles. C’est une lame de fond qu’on ne saura pas dompter avec des dirigeants qui ne comprennent pas que la colère populaire ne peut être éteinte avec de beaux discours sans résultats concrets.
CHANGEMENT PROFOND
Emmanuel Macron croit à la mondialisation, à l’europe, au multiculturalisme. Une partie des Français lui donne la chance de les convaincre qu’il réussira à changer profondément la culture du pouvoir telle qu’elle a existé jusqu’ici. Quitte à la rejeter complètement.
Ce qui devrait nous inquiéter, c’est la tentation de l’extrémisme. C’est la banalisation des discours de replis racistes et intolérants. Par ailleurs, ce sera le défi majeur du futur président de gouverner d’une nouvelle manière en étant ferme et lucide face à cette guerre menée contre les valeurs occidentales.
Le futur président Macron sera à la tête du pays le plus visé par les fous d’allah. La sécurité de la France a un prix qu’il devra consentir à payer: celui des libertés. Or, il devra tenir compte de ces millions d’électeurs du Front national prêts à remettre en question les institutions, dont l’europe communautaire. Tous ces extrémistes de gauche comme de droite qui rêvent d’une seconde révolution dont le parfum sulfureux ne s’est jamais dissipé depuis 1789.
Cette France qui se pointe en exalte plusieurs, mais ne rassurera pas une grande partie des Français. Ce vote annonce en ce sens des espoirs fragiles et des inquiétudes légitimes.