Contrat annulé après des alertes de l’inspecteur général
Montréal s’apprêtait à donner 8 M $ pour des produits du géant américain Cisco BUREAU D’ENQUÊTE
L’inspecteur général de la Ville de Montréal a émis de sérieuses réserves au sujet d’un contrat de 8 M$ qui allait être octroyé par l’administration Coderre pour acheter des produits du géant américain de l’informatique Cisco.
Notre Bureau d’enquête a appris que les fonctionnaires de la Ville de Montréal ont été interrogés à deux reprises au sujet de ce contrat, en 2016, par des enquêteurs du bureau de l’inspecteur général (BIG), Denis Gallant.
La saga remonte à décembre 2015, alors que notre Bureau d’enquête a exposé qu’un appel d’offres semblait avantager un fournisseur précis, soit Cisco.
Sans surprise, à l’ouverture des soumissions, tous les candidats ont effectivement offert des produits Cisco.
Trois mois plus tard, Montréal a annoncé l’annulation de l’octroi du contrat et a mentionné qu’un nouvel appel d’offres serait lancé. L’administra- tion municipale a alors soutenu que l’annulation n’avait aucun lien avec le manque de concurrence.
Or, le BIG avait aussi lancé une enquête, et c’est après avoir été interrogée par les enquêteurs que l’administration municipale a décidé de faire marche arrière.
«PRÉOCCUPANT»
«Les faits soulevés étaient suffisamment préoccupants», nous indique une source proche du dossier.
Le service des Technologies de l’information de la Ville «en a pris conscience et a pris des actions de luimême».
Les enquêteurs du BIG s’inquiétaient, entre autres, de la «concurrence limitative» de l’appel d’offres lancé par la Ville, selon cette source.
Le BIG pourrait faire mention de ce sujet dans son rapport annuel, qui sera rendu public sous peu.
La Ville de Montréal réplique que l’annulation de l’appel d’offres n’a aucun lien avec l’enquête du BIG.
Gonzalo Nuñez, porte-parole de la Ville, soutient que deux des quatre lots de l’appel d’offres n’ont pas reçu de soumission et que ces lots étaient inter- reliés. Il justifie aussi l’annulation par une «réorientation des besoins».
PAS DE POLITIQUE
Le maire Denis Coderre n’a jamais caché qu’il connaissait bien l’entreprise Cisco. Sur son compte Twitter, on l’a vu devant le logo de l’entreprise lorsqu’il s’était rendu au siège social de Cisco, en Californie, en 2014, ce qui avait froissé la concurrence. Le maire avait aussi pris la parole dans un congrès de Cisco à Montréal.
Le cabinet du maire nous avait alors déclaré qu’il n’y avait eu aucune orientation politique dans la préparation de l’appel d’offres.
Selon nos informations, l’enquête du BIG démontrerait en effet que les problèmes de concurrence n’émanent pas d’une orientation politique. C’est plutôt le contenu de l’appel d’offres, préparé par le service des technologies de l’information, qui soulevait des questions.