Les artistes, Trump et Le Pen
Parmi tous les artistes français, il n’y en a qu’un qui, d’après moi, pourrait réellement fuir la France en réaction à Le Pen
Avez-vous entendu un grand bruit hier après-midi? C’est la mâchoire des artistes français qui est tombée quand ils ont su que Marine Le Pen s’en allait au deuxième tour et qu’elle pourrait théoriquement, devenir présidente de la République française.
Depuis quelque temps, plusieurs artistes archiconnus affirment qu’ils vont faire leur valise et dire bye bye à la douce France si Le Pen devient présidente. Mais vous savez quoi? Je n’y crois pas une seule seconde. Les artistes français sont exactement comme les artistes américains: des grands
parleurs et des petits faiseurs.
COURAGE, FUYONS !
L’animateur Nagui ( Taratata) et le champion de tennis et chanteur Yannick Noah ont déjà affirmé que si Le Pen devenait présidente, ils mettaient les voiles, ils décampaient, ils émigraient.
Récemment, l’auteur J. M. G. Le Clézio, qui a obtenu le prix Nobel de littérature en 2008 et qui a la double nationalité française mauricienne, a déclaré à un magazine argentin: «Quand je vois le FN monter en France, je me sens plus Mauricien que jamais. Je ne comprends pas les Français. Si Marine Le Pen gagne, je rendrai mon passeport français et je ne garderai que mes papiers mauriciens.»
Enrico Macias a déjà affirmé qu’il allait quitter la France si Le Pen arrivait au pouvoir. Il irait s’établir en Israël et «entraînerait avec (lui) toute la communauté juive de France».
Avant de se jeter aux pieds de ces artistes pour les supplier de rester et de leur chanter Ne me quitte pas, je conseillerais aux Français de regarder de l’autre côté de l’atlantique pour s’en inspirer.
Quand ils ont vu que Trump allait peut-être gagner ses élections, des dizaines d’artistes ont juré, promis, craché qu’ils allaient quitter les États-unis pour fuir le péril orange. Voici ce que j’écrivais dans ma chronique du 13 janvier:
«On a eu droit aux déclarations fracassantes de: Whoopi Goldberg, Amy Schumer, Miley Cyrus, Lena Dunham («Il y a 100 % de chances que je parte pour Vancouver»), Neve Campbell (qui a promis qu’elle retournerait dans son Canada natal), Chloé Sévigny (qui avait choisi la Nouvelle-écosse), Bryan Cranston, Larry Flynt, Barbra Streisand (qui hésitait entre le Canada et l’australie), Ne Yo («Je pars pour le Canada aussitôt. Drake et moi, on sera voisins à Toronto.»).
Or, une fois Trump élu et installé à la Maison-blanche, combien ont mis leur menace à exécution? Aucun.
QUI A LE DROIT?
Parmi tous les artistes français, il n’y en a qu’un qui, d’après moi, pourrait réellement fuir la France en réaction à Le Pen. C’est Patrick Bruel. Quand il y a eu les élections municipales, en 2014, Bruel avait juré qu’il ne chanterait plus dans les villes dont les maires étaient du Front national. Il avait déclaré à l’époque: «Même si je peux comprendre que des électeurs désespérés répondent à un discours populiste, je ne veux pas me produire devant une institution dont je méprise l’idéologie.» Et il a tenu parole, lui.
Si Le Pen est élue le 7 mai, peut-être que Bruel fera comme des milliers de Français désabusés et qu’il viendra s’installer au Québec, sur le Plateau Mont-royal.
On lui donne l’asile politique?