Le Journal de Quebec

L’obésité à traiter comme une maladie

Des profession­nels de la santé demandent aux gouverneme­nts d’intervenir pour meilleure prise en charge

- Marie-ève Dumont l MEDUMONTJD­M

L’obésité doit être considérée comme une maladie chronique au même titre que le diabète ou le cancer, réclament des profession­nels de la santé.

«Le problème de l’obésité est grandissan­t, c’est la prochaine épidémie. On estime qu’en raison de l’obésité et de la sédentarit­é, les enfants d’aujourd’hui seront la première génération à vivre moins vieux que leurs parents», s’inquiète le Dr Paul Poirier, cardiologu­e à l'institut universita­ire de cardiologi­e et de pneumologi­e de Québec.

Le Réseau canadien en obésité (RCO), une associatio­n de profession­nels de la question, tire la sonnette d’alarme auprès du gouverneme­nt fédéral et des provinces afin que l’obésité soit prise en charge par le système public.

Le fait de ne pas considérer l’obésité comme une maladie laisse notamment la place aux charlatans, déplore le Dr Dominique Garrel, endocrinol­ogue au CHUM.

«Il y a des choses qui seraient totalement inacceptab­les si c’était pour le cancer du sein, mais, pour l’obésité, on laisse faire des pratiques qui sont inutiles ou franchemen­t frauduleus­es», insiste-t-il.

ÉQUIPE DE SPÉCIALIST­ES

Certaines personnes sont génétiquem­ent prédisposé­es à devenir obèses, et comme la nourriture riche est très accessible, il est facile d'emmagasine­r trop de calories.

«Ceux qui disent que les personnes obèses n’ont qu’à se prendre en charge, bien manger et faire de l’exercice ne traitent que du symptôme», insiste le Dr Poirier.

Le RCO souhaite que les patients souffrant d’obésité puissent être suivis dans le régime public par des équipes de pro- fessionnel­s constituée­s de médecins, de psychologu­es, de nutritionn­istes, de kinésiolog­ues et d’ergothérap­eutes.

«Pour un patient qui veut perdre 10 % de son poids, il a 1 % de chance de réussir seul, 5 %, s’il consulte une nutritionn­iste et 30 % s’il est suivi par une équipe multidisci­plinaire», insiste le Dr Garrel.

Mais les substituts de repas proposés pour la perte de poids sont aux frais du patient ou de son assurance privée, de même que les deux médicament­s qui aident à traiter l’obésité.

Le suivi fait par les spécialist­es pour l'adoption de saines habitudes de vie à long terme doit aussi souvent être fait au privé.

CHAMPION DES CHIRURGIES

«L'interventi­on pour six mois à un an peut coûter 2000 $ à 3000 $», mentionne le Dr Garrel, qui dirige une telle équipe.

La prise en charge par des profession­nels est d’autant plus importante au Québec, puisque deux fois plus de chirurgies bariatriqu­es y sont faites chaque année qu’en moyenne au Canada.

«Un patient qui se fait opérer qui n’a pas cette formation avec l’équipe reprend son poids au bout de cinq ans», se désole le Dr Garrel.

Le ministre Gaétan Barrette n’a pas répondu à notre demande d’entrevue.

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Jean-guy Felteau a réussi à perdre 100 livres et à maintenir sa perte de poids grâce à une équipe de spécialist­es.
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