Bois d’oeuvre : le fédéral doit s’activer
Les députés québécois de l’équipe de Justin Trudeau sont vraiment irrités de se faire répéter qu’on les entend peu. Ils assurent que discrètement, dans les réunions appropriées, ils parlent haut et fort pour les intérêts du Québec. Un jour, il faudra en faire la preuve publiquement pour faire taire la critique.
La crise du bois d’oeuvre va constituer un gros test. Tous les indicateurs pointent dans la même direction: cette crise-ci sera terrible. Loin de moi l’intention de minimiser les crises précédentes, qui ont coûté des milliers d’emplois et fait souffrir dramatiquement certaines régions.
Les tarifs appliqués par les Américains, cette fois-ci, s’inscrivent dans une offensive protectionniste plus vaste. On peut s’attendre à ce que d’autres mesures dommageables à notre industrie forestière suivent.
D’autres mesures dites antidumping ainsi que l’imposition de quotas par les Américains sont susceptibles de s’ajouter sous peu. Cellesci vont encore noircir une situation déjà pénible. Tout cela dans un contexte où Donald Trump montre ses biceps au Canada en matière de commerce.
L’impact sera malheureusement assez grand pour affecter non seulement les régions forestières, mais aussi par ricochet le Québec en entier.
GROS DÉGÂTS
Les médias vous bombardent, ces jours-ci, de chiffres concernant l’ampleur des conséquences économiques de l’offensive américaine sur l’économie de plusieurs régions du Québec. Ce n’est rien d’exagéré. Les emplois pourraient se perdre par milliers. Des entreprises pourraient se trouver fragilisées au point de ne pas passer à travers.
Ceux qui ne se sentent pas concernés parce qu’ils habitent hors d’une région forestière ont tort. L’impact sera malheureusement assez grand pour affecter non seulement les régions forestières, mais aussi par ricochet le Québec en entier.
À court terme, la surcharge rétroactive sur 90 jours forcera la plupart des scieries québécoises à faire des chèques qui détruiront leurs liquidi- tés. Dès lors, ce sont des années de misère qui s’amorcent.
L’ÉQUIPE TRUDEAU
Le gouvernement fédéral se fait encore tirer l’oreille pour offrir un soutien significatif à l’industrie. Dès hier, dans les premières heures de l’application des nouveaux tarifs, le gouvernement québécois a annoncé une série de mesures assez bien accueillies par les régions éprouvées et par l’industrie.
Cela ne tient pas du miracle, les intentions fédérales étaient annoncées et la date était connue. Il ne fallait qu’un peu de volonté politique. Mais où est le gouvernement fédéral? Pourquoi ne peut-il être prêt au jour un? Pourquoi doit-il se faire tirer l’oreille?
Mes informateurs me disent que les fédéraux étaient sur le téléphone hier. Même Justin Trudeau a discuté au téléphone avec le président américain sur le sujet de l’industrie forestière. Il n’est pas trop tard. Les gens de l’industrie réclament un programme de garantie de prêts pour traverser la période difficile qui s’annonce.
Le gouvernement fédéral s’est contenté à ce jour d’une annonce déconnectée des besoins. Le ministre Carr a présenté hier des mesures d’aide pour diversifier les exportations de bois d’oeuvre. Vers l’asie et l’europe, par exemple.
C’est gentil. Personne ne peut être contre des efforts pour vendre plus loin. Mais soyons sérieux, la réalité est implacable: nos exportations de bois vont à 96 % vers les États-unis.
Les jours à venir sont critiques pour le gouvernement Trudeau au Québec.