Pas 13, mais 1000 raisons de gueuler
Le diable est aux vaches depuis que Netflix a mis en ligne, le 31 mars, une série de 13 épisodes intitulée 13 Reasons Why ( Treize raisons). Pour ceux qui ignorent encore son sujet, la série raconte l’histoire d’une ado qui se suicide après avoir envoyé à un camarade de classe 13 enregistrements qui expliquent son geste.
Les auteurs de télé ont toujours abordé la question du suicide des jeunes avec circonspection. Ils ne l’ont pas fait souvent non plus. Je me souviens que Fabienne Larouche en a traité au moins une fois dans sa série quotidienne à Radio-canada. En 511 épisodes échelonnés sur 35 ans, les auteurs de Degrassi, populaires séries anglophones pour les jeunes, y ont touché trois fois. Toujours avec des gants blancs. Il y a sûrement d’autres cas qui ne me viennent pas à l’esprit.
Il faudrait être de mauvaise foi pour attribuer à la télévision les suicides hélas! trop fréquents de jeunes Autochtones qui habitent dans des réserves éloignées. Qu’on blâme plutôt la misère et le désoeuvrement qui y règnent.
Qui pourra me démontrer que la télévision est responsable en tout ou en partie de la mort des 31 jeunes Québécois de 10 à 14 ans qui se sont enlevé la vie de 2009 à 2014?
Je m’y connais un peu en matière de suicide. Dans ma famille immédiate, ma première femme et ma belle-soeur se sont suicidées. Elles étaient dans la trentaine. Deux de mes cousins germains ont fait de même à l’adolescence. Dans l’un et l’autre cas, la télévision n’y était pour rien.
Je ne veux pas porter de jugement sur la série de Netflix. Je ne veux pas vous inviter à en défendre le visionnement à vos enfants. Je ne vous inciterai pas non plus à la regarder en leur présence pour amorcer ensuite une discussion. Vos ados se demanderaient sûrement quelle mouche vous a piqué.
« PRENDRE LEUR GAZ ÉGAL »
Ne regardent-ils pas à loisir, sans que vous leviez le petit doigt, des dizaines d’émissions réservées aux 18 ans et plus (comme Treize raisons), sans parler de séries hyperviolentes comme Dexter, Game of Thrones ou The Walking Dead, de séries aussi osées que Skins, Sex and the City, The Sopranos, etc. Sans mentionner les dizaines de sites pornos dont ils s’échangent à votre insu noms et adresses internet depuis l’âge de 10 ou 12 ans.
Il y aurait 1000 raisons de gueuler contre la violence à la télévision et au cinéma, de s’élever contre des scènes sexuelles aussi crues qu’inutiles, contre des sites pornos que tout un chacun fréquente quel que soit son âge, mais on reste coi. On préfère se scandaliser d’une série au sujet de laquelle personne ne s’entend. Les uns considèrent qu’elle incite au suicide et les autres qu’elle en dissuade.
Il me semble que psys et autres experts de tous acabits devraient «prendre leur gaz égal»!
UNE VRAIE FÊTE AU TNM
Allez voir Le jeu de l’amour et du hasard au Théâtre du Nouveau-monde. Pour la mise en scène sobre et inventive d’alain Zouvi, pour la beauté de la langue de Marivaux et pour l’impeccable maîtrise qu’en ont les comédiens Marc Beaupré, Henri Chassé, Bénédicte Décary, David Savard, Philippe Thibault-denis et Catherine Trudeau. Une fête pour les yeux et les oreilles.
TÉLÉPENSÉE DU JOUR
Les citoyens n’ont pas toutes les vertus et les élus n’ont pas tous les vices.