Un agriculteur se fait damer le pion par Pangea
Des tactiques d’achat mettent fin au projet
Le rêve de devenir propriétaire de l’agriculteur Jean-luc Laplante de Saint-germain-de-kamouraska a viré au cauchemar quand le fonds d’investissement Pangea s’est emparé de la terre qu’il voulait en offrant 25 % de plus que le prix qui était sur la table.
«C’est inquiétant de savoir que des gens avec des moyens beaucoup plus élevés que les nôtres puissent prendre nos terres de cette façon-là», a confié l’agriculteur, encore secoué par le fil des événements.
Jean-luc Laplante établit même un lien entre les investissements récents de la Caisse de dépôt et placement du Québec et du Fonds de solidarité FTQ et le dénouement expéditif de la transaction. «L’offre a été faite suivant les jours de l’annonce. Ça serait un méchant hasard si ces deux histoires n’étaient pas reliées entre elles», s’est-il indigné.
M. Laplante ne pense pas que Pangea soit réellement capable de rentabiliser cette terre simplement en cultivant des céréales. «Le seul moyen de rentabiliser ce type de terre en ne faisant que des céréales avec de petites marges de profits est de la revendre à profit dans X nombre d’années», se dit persuadé le jeune agriculteur.
Une affirmation que rejette le cofondateur de Pangea, Serge Fortin. «Non seulement notre but n’est pas de vendre nos terres, mais nous investissons pour améliorer leur qualité agronomique», a-t-il insisté. Serge Fortin ajoute aussi que Pangea se retire normalement quand la société apprend qu’un agriculteur du coin souhaite acquérir la même terre qu’eux.
CULTURE DE LA PEUR
«Leur arrivée a mis le feu au marché», constate Michèle Lalancette, présidente de la Fédération de la relève agricole du Québec. Pour elle, une culture de la peur s’est installée et les agriculteurs qui ont été approchés par Pangea n’osent pas en parler.
«Le Fonds de solidarité FTQ nous a dit que Pangea visait un fonds de 100 M$... et que d’autres investisseurs s’ajouteraient», a indiqué par ailleurs Marcel Groleau, président de l’union des producteurs agricoles (UPA).