Un gros malaise
Le traitement qu’a reçu le patron de L’UPAC hier à l’assemblée nationale n’honore personne. Loin de servir la démocratie ou une supposée transparence, l’exercice a provoqué un gros malaise chez ceux qui croient vraiment à l’indépendance du travail policier.
Tout le monde affirme qu’il faut éviter de mélanger la politique et le travail policier. C’est précisément ce que l’exercice d’hier a provoqué.
Il faut dire que le mandat de L’UPAC est particulier. L’UPAC pourrait être en train d’enquêter sur les députés eux-mêmes, sur leur entourage, sur leur parti ou sur le gouvernement issu de leur parti. Voir les mêmes députés interroger avec toutes sortes de contorsions et de stratagèmes le patron de L’UPAC est loin d’être idéal.
Le choc des idées entre partis politiques constitue une base de la démocratie
LAFRENIÈRE SOLIDE
Nous étions tous curieux de voir ce passage de Robert Lafrenière devant la commission, ce que diraient les députés libéraux échaudés par les fuites et les députés de l’opposition qui veulent hausser la pression sur L’UPAC pour nuire aux libéraux. Nous étions aussi assoiffés d’entendre les réponses du directeur de L’UPAC. Ses réponses ont été franches et directes. Lafrenière n’a jamais été déstabilisé.
Faisons néanmoins une distinction: ce n’est pas parce qu’un exercice est intéressant qu’il sert bien les institutions. M. Lafrenière ne pouvait pas dévoiler le contenu des enquêtes en cours. Pas plus qu’il ne pouvait placoter à tort et à travers des conclusions possibles de ces enquêtes.
À quelques reprises, les pointes grossières d’intérêt partisan ont rappelé les véritables intentions de chacun. Qu’on me comprenne, je n’ai rien contre le débat partisan lorsqu’il s’agit de confronter les idées et les programmes. Le choc des idées entre partis politiques constitue une base de la démocratie.
JEUX PARTISANS
À l’inverse, lorsque le jeu partisan mène dans les insinuations, les accusations détournées en utilisant par la bande l’enquêteur responsa- ble de l’intégrité, c’est moins beau. Et inutile pour la démocratie. À répandre le doute à tout vent, on finit par jeter un discrédit malheureux sur nos institutions.
Les partis d’opposition n’ont pas pu se retenir hier et j’ai peine à le leur reprocher. La tenue de cette commission avec les règles actuelles constituait une invitation au dérapage.
Bien sûr qu’à titre d’officier public qui gère de l’argent des contribuables, le dirigeant de L’UPAC doit répondre de son administration. Mais la formule doit être revue. L’événement d’hier donne raison à ceux qui proposent de revoir le mode de nomination du directeur de L’UPAC.
Il ne devrait plus être nommé seulement par le gouvernement, mais plutôt par un vote plus large de l’assemblée nationale. En contrepartie, il ne devrait plus être placé devant le forum partisan d’une commission parlementaire et subir le jeu partisan ou le défoulement des députés.
Drôle de saison politique au cours de laquelle les uns et les autres s’enrobent dans le titre de champion défenseur de nos institutions. Rien de ce que j’ai vu hier n’est de nature à redorer le blason du rôle de député ou des institutions du Québec.