Le Journal de Quebec

Un gros malaise

- Mario Dumont mario.dumont@quebecorme­dia.com

Le traitement qu’a reçu le patron de L’UPAC hier à l’assemblée nationale n’honore personne. Loin de servir la démocratie ou une supposée transparen­ce, l’exercice a provoqué un gros malaise chez ceux qui croient vraiment à l’indépendan­ce du travail policier.

Tout le monde affirme qu’il faut éviter de mélanger la politique et le travail policier. C’est précisémen­t ce que l’exercice d’hier a provoqué.

Il faut dire que le mandat de L’UPAC est particulie­r. L’UPAC pourrait être en train d’enquêter sur les députés eux-mêmes, sur leur entourage, sur leur parti ou sur le gouverneme­nt issu de leur parti. Voir les mêmes députés interroger avec toutes sortes de contorsion­s et de stratagème­s le patron de L’UPAC est loin d’être idéal.

Le choc des idées entre partis politiques constitue une base de la démocratie

LAFRENIÈRE SOLIDE

Nous étions tous curieux de voir ce passage de Robert Lafrenière devant la commission, ce que diraient les députés libéraux échaudés par les fuites et les députés de l’opposition qui veulent hausser la pression sur L’UPAC pour nuire aux libéraux. Nous étions aussi assoiffés d’entendre les réponses du directeur de L’UPAC. Ses réponses ont été franches et directes. Lafrenière n’a jamais été déstabilis­é.

Faisons néanmoins une distinctio­n: ce n’est pas parce qu’un exercice est intéressan­t qu’il sert bien les institutio­ns. M. Lafrenière ne pouvait pas dévoiler le contenu des enquêtes en cours. Pas plus qu’il ne pouvait placoter à tort et à travers des conclusion­s possibles de ces enquêtes.

À quelques reprises, les pointes grossières d’intérêt partisan ont rappelé les véritables intentions de chacun. Qu’on me comprenne, je n’ai rien contre le débat partisan lorsqu’il s’agit de confronter les idées et les programmes. Le choc des idées entre partis politiques constitue une base de la démocratie.

JEUX PARTISANS

À l’inverse, lorsque le jeu partisan mène dans les insinuatio­ns, les accusation­s détournées en utilisant par la bande l’enquêteur responsa- ble de l’intégrité, c’est moins beau. Et inutile pour la démocratie. À répandre le doute à tout vent, on finit par jeter un discrédit malheureux sur nos institutio­ns.

Les partis d’opposition n’ont pas pu se retenir hier et j’ai peine à le leur reprocher. La tenue de cette commission avec les règles actuelles constituai­t une invitation au dérapage.

Bien sûr qu’à titre d’officier public qui gère de l’argent des contribuab­les, le dirigeant de L’UPAC doit répondre de son administra­tion. Mais la formule doit être revue. L’événement d’hier donne raison à ceux qui proposent de revoir le mode de nomination du directeur de L’UPAC.

Il ne devrait plus être nommé seulement par le gouverneme­nt, mais plutôt par un vote plus large de l’assemblée nationale. En contrepart­ie, il ne devrait plus être placé devant le forum partisan d’une commission parlementa­ire et subir le jeu partisan ou le défoulemen­t des députés.

Drôle de saison politique au cours de laquelle les uns et les autres s’enrobent dans le titre de champion défenseur de nos institutio­ns. Rien de ce que j’ai vu hier n’est de nature à redorer le blason du rôle de député ou des institutio­ns du Québec.

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Robert Lafrenière
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