Le Journal de Quebec

Je me suis trompée

- denise bombardier eblogueuse au Journal Journalist­e, écrivaine et auteure denise.bombardier@quebecorme­dia.com

En octobre 2016 au lendemain de l’élection de Jean-françois Lisée à la direction du Parti québécois, j’écrivais alors: «Hier soir, le PQ a mis en scène l’élection de son chef, celui qui assurera son nouvel élan ou assistera à l’accentuati­on de sa lente et inexorable détériorat­ion.»

Hélas! moins d’un an plus tard, cette analyse s’avère trop enthousias­te. «La victoire de Jean-françois Lisée, écrivais-je, transforme­ra dans les deux années à venir le débat politique […] et placera le gouverneme­nt Couillard sur la défensive.»

Or, qu’en est-il des espoirs suscités par le chef du PQ? Qu’a-t-il proposé pour redonner ses lettres de noblesse à l’éducation? Pour faire de la culture le fer de lance d’une fierté collective retrouvée? Quelles idées nouvelles a-t-il apportées à la politique économique du gouverneme­nt actuel?

MESURE CONTROVERS­ÉE

L’imprévisib­le Jean-françois Lisée vient de refuser l’extension de l’enseigneme­nt du français jusqu’à la fin du cégep. C’est son droit, certes. Mais son argument fait bondir. Cette mesure serait trop controvers­ée! Or, le PQ avec son article 1 sur la souveraine­té est le parti politique le plus controvers­é en Amérique du Nord, car l’accession à l’indépendan­ce provoquera­it une déstabilis­ation de nos institutio­ns pendant au moins quelques années. Une réalité qu’avait reconnue Jacques Parizeau.

Cette semaine se termine par une «réflexion» de Jean-françois Lisée. Devant les journalist­es, il a laissé flotter l’idée de recruter comme candidat à la prochaine élection le président de la Fraternité des policiers et policières de Montréal, Yves Francoeur. «C’est une personne qui a du cran, de la crédibilit­é, et donc c’est une personne de valeur.» Le cran n’est pas une vertu, autant que l’on sache, et la crédibilit­é signifie simplement qu’on croit une personne et non pas qu’elle est honnête.

C’est cette «personne de valeur» qui a transformé les policiers montréalai­s en clowns durant deux ans, en défiant les ordres des autorités municipale­s et de l’opinion publique. C’est aussi ce même Yves Francoeur, l’abrasif, qui allègue qu’une enquête criminelle concernant deux élus libéraux, dont un siégerait encore, a été bloquée.

IMPROVISAT­ION

Monsieur Lisée croit certaineme­nt que les ennemis de ses ennemis sont ses amis. Son offre d’attirer au PQ ce chef syndical, qui en a toujours mené large, repose sur le fait qu’avec sa déclaratio­n où il tait le nom de ces députés, Yves Francoeur dégoupille une grenade qui pourrait faire exploser le PLQ.

Si J.-F. Lisée applique aussi les pro- positions de la campagne Osez repenser le PQ, il fera de la lutte au racisme et au profilage racial une priorité de son parti. Ce faisant, il tombe exactement dans le piège que tend le PLQ avec son comité-conseil contre le racisme systémique.

Imaginons les mois à venir où les porte-parole les plus tonitruant­s et les moins représenta­tifs de leurs communauté­s feront le procès des Québécois, nationalis­tes au premier chef, et où le PQ rajeuni, donc débarrassé de ses lubies identitair­es, joindra sa voix à celle de ses adversaire­s triomphant­s.

Le chef du PQ a-t-il perdu ses esprits?

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Jean-françois Lisée exerce un leadership plus décevant que prévu.
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