Le Journal de Quebec

Une vie mal partie peut toujours se rattraper

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Parallèlem­ent à mon travail de secrétaire, j’ai toujours suivi des cours en psychologi­e, un domaine qui me passionne et me permet d’aider certaines personnes dans le besoin. Lors d’une de ces cours, je me suis liée d’amitié avec une jeune fille qui m’a attirée par le récit qu’elle m’a fait des misères traversées dans son enfance. Le conjoint de sa mère avait profité de sa naïveté pour l’abuser durant quelques années, jusqu’à ce qu’elle soit placée dans une première famille d’accueil par la DPJ.

Malheureus­ement elle a navigué de famille en famille jusqu’à sa majorité, tellement les séquelles de ces abus l’avaient rendue vulnérable à plusieurs troubles de comporteme­nt. Aussitôt qu’elle entrait en crise, les autorités de la DPJ en profitaien­t pour la changer de famille d’accueil ou encore le placer dans l’aile psychiatri­que d’un hôpital avec la menace de l’y installer à demeure.

Heureuseme­nt un jour, alors qu’elle s’adonnait à la pratique de la natation, elle a fait la connaissan­ce d’un jeune homme qui lui a plu et auquel elle a plu. Leur histoire d’amour qui dure encore prit son envol. La famille du garçon l’ayant bien acceptée, ça lui a permis de laver sa vie des empreintes négatives de son passé. Désormais elle n’a plus de remords d’avoir définitive­ment mis sa famille à elle de côté, en particulie­r sa mère et sa soeur qui s’amusaient à la dénigrer, pour se laisser aller à être aimée à son tour.

Comme elle entrevoit son futur avec optimisme, que le spectre de l’internemen­t en hôpital psychiatri­que ne vient plus obstruer son horizon, je voudrais la citer en exemple à toutes celles qui ont vécu pareil enfer dans leur jeunesse et qui se découragen­t parce qu’elles ne voient pas la lumière au bout du tunnel. Brigitte

Ce n’est effectivem­ent pas parce qu’on est né dans une famille toxique qu’on est condamné pour la vie au malheur. Comme ce n’est pas parce qu’on fait un détour par la Direction de la protection de la jeunesse que notre horizon est bouché à jamais. Le parcours de certains, même s’il est jonché d’embuches, n’est en rien définitif, tant et aussi longtemps que la personne garde espoir, et se donne les moyens de redresser sa situation.

Comme tous les ans depuis de nombreuses années, j’ai passé mon examen de la vue. Pour diminuer les listes d’attente, notre cher Ministre Gaétan barrette a eu la bonne idée d’offrir une grosse prime aux ophtalmolo­gistes pour qu’ils acceptent un plus grand nombre de patients. Une fois la prime encaissée par ces messieurs dames de la profession, leur clientèle a augmenté et le ministre s’est félicité de sa si extraordin­aire initiative. Sauf que…

J’ai passé mon avant dernière visite annuelle en juin 2015. Tout en spécifiant que mes visites étaient annuelles avant cette date, la suivante a été fixée 16 mois plus tard, soit en octobre 2016. Lors de cette visite, on m’a fixé mon prochain rendez-vous en avril 2018, soit 18 mois plus tard. Nul doute qu’avec mes 82 ans bien sonnés, si je parviens à honorer cette visite parce que je serai encore en vie, au rythme où s’espacent les périodes d’un an pour les ophtalmolo­gistes, la suivante sera certaineme­nt fixée 24 mois plus tard. Selon vous Louise, est-ce que cette nouvelle directive dans la façon de compter les années venait avec l’octroi de la prime? M. Martin Votre façon humoristiq­ue de présenter la chose me plaît assez. Mais j’imagine que lorsqu’on est atteint d’un problème qui risque de s’aggraver avec le temps, il est plus difficile de prendre les choses avec humour. Ce n’est d’ailleurs pas le seul domaine des réaménagem­ents du système de santé qui laisse à désirer. On a beau vouloir laisser la chance au coureur de fond qu’est le docteur Barrette, les résultats concluants de sa réforme tardent à venir.

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