Le Journal de Quebec

Un personnage qu’il assume

Au-delà de la fin de la gestion de l’offre, le coloré candidat rêve de grandes réformes économique­s

- Boris Proulx l@ ∫ borisproul­x

Le meneur de la course à la chefferie conservatr­ice Maxime Bernier ne voit pas de problème à se faire appeler «Mad Max» et à user d’autodérisi­on pour se démarquer. Il veut le libre marché, l’ouverture des frontières et la fin des subvention­s aux entreprise­s, sujets sur lesquels il devient intarissab­le. Assumez-vous le surnom « Mad Max » ? Je l’ai adopté. Ce sont des étudiants à Toronto qui me l’ont suggéré. J’ai décidé de l’assumer, parce que je suis fâché contre les politiques de Justin Trudeau. Je pense que ç’a été une bonne décision dans ma campagne. Comme Justin Trudeau est bien connu pour ses selfies, eh bien moi, je suis plus connu pour les mèmes que j’utilise dans les réseaux sociaux. [NDLR: Les mèmes sont des montages d’images populaires qu’il partage sur les réseaux sociaux. Il a, par exemple, apposé son visage sur une image du film Star Wars (en mortaise).]

Votre chanson de campagne de 2015, populaire sur le web, fait-elle aussi partie de votre personnage ? Chacun a sa personnali­té. Oui, j’aime les gens, j’aime rire. [...] Il faut se dé- marquer en politique. Je savais que cette chanson était quétaine, mais que ça allait attirer l’attention, et ma firme de marketing en Beauce m’a rencontré en urgence pour essayer de me convaincre de ne pas la diffuser. Finalement, ç’a été un gros succès. Les radios l’ont diffusée gratuiteme­nt à Québec et en Beauce. Maintenant, je n’en ai pas de nouveau jingle pour la course au leadership, parce que le premier a tellement été un grand succès que les attentes étaient trop élevées.

Avec vos propositio­ns libertarie­nnes, voulez-vous rompre avec l’héritage de Stephen Harper ? Je veux, dès la première année, économiser 8 milliards $ en abolissant les subvention­s aux grandes, moyennes et petites entreprise­s. Développem­ent économique Canada, au Québec, n’existera plus. Ce n’est pas au payeur de taxes de prendre les risques d’un entreprene­ur. [Du temps du gouverneme­nt Harper], nous n’en avons jamais parlé. Maintenant, les Canadiens sont prêts pour des réformes pour avoir plus de liberté de choix. Mais la philosophi­e conservatr­ice d’investir dans la défense [va demeurer]. C’est aberrant d’avoir des sous-marins qui ne peuvent pas aller sous l’eau, des hélicoptèr­es qui ne peuvent pas voler. Je crois qu’à l’époque, il fallait y aller par étapes.

Votre programme est-il vraiment réaliste ? Je veux démontrer aux gens que ce n’est pas un programme radical. Ce n’est pas radical de faire ce que la Fédération des entreprise­s indépendan­tes nous demande de faire. Ce n’est pas un programme radical que d’avoir plus de compétitio­n dans le secteur aérospatia­l [en mettant fin aux subvention­s aux entreprise­s comme Bombardier, NDLR] pour qu’il y ait des prix plus bas pour les consommate­urs. Ce n’est pas radical d’abolir la gestion de l’offre [laitière], car nous sommes le seul pays à avoir ça. Il n’y avait pas de telle gestion de l’offre il y a 45 ans, pourtant il y avait des producteur­s laitiers au Canada. Les Québécois, les Canadiens, vont économiser. Mon défi est de montrer que cette plateforme-là est réaliste.

Pourtant chez vous, en Beauce, les producteur­s tiennent au système. Dans ma plateforme politique, je n’essaie pas de plaire à des groupes d’intérêts particulie­rs. Pour moi, les producteur­s laitiers défendent leurs privilèges, et c’est correct. Moi, mon devoir est de parler pour les consommate­urs canadiens, pour ce qui est meilleur pour le Canada. L’autre exemple est le crédit d’impôt aux familles pour les jeunes qui font du sport. On essaie d’acheter une clientèle. Je vais abolir ces crédits d’impôt. Moi, en politique, je n’essaie pas avec l’argent du peuple d’acheter des clientèles électorale­s. Je fais des politiques équitables pour tout le monde.

« Mad Max » a-t-il peur de Trump ? Non, d’ailleurs il m’a aidé dans cette course en mettant de l’avant la gestion de l’offre. Le fait d’avoir soulevé que les producteur­s laitiers du Wisconsin ne peuvent pas vendre leur produit au Canada, que c’est injuste, ça m’a démarqué de mes compétiteu­rs. Je suis le seul [candidat] qui veut abolir la gestion de l’offre au bénéfice des consommate­urs. Je suis prêt à mettre le système sur la table [de négociatio­n] comme monnaie d’échange à M. Trump en demandant d’avoir plus de liberté des échanges, comme pour le bois d’oeuvre.

Que s’est-il passé en coulisses pour que Kevin O’leary vous appuie ? J’avais déjà rencontré M. O’leary l’été dernier, à son chalet, pour le convaincre de m’appuyer. Il a bien aimé notre plateforme, et on est resté en contact pendant la course au leadership. Une semaine avant de se retirer, il m’a appelé pour m’offrir de démissionn­er pour l’appuyer. Je suis parti à rire, et je lui ai offert le contraire. [...] Finalement, en regardant les chiffres, il s’est rendu compte qu’il ne pourrait pas aller chercher assez d’appuis au Québec pour battre Justin Trudeau. Il m’a dit qu’avec moi, on a plus de chances de gagner.

Votre victoire est-elle assurée ? Depuis [la démission de M. O’leary], je sens un momentum dans ma campagne. L’écart entre moi et le deuxième [le Saskatchew­anais Andrew Scheer] est assez élevé, donc c’est assez difficile statistiqu­ement qu’un autre candidat puisse l’emporter. Mon ennemi juré, maintenant, est le faible taux de participat­ion [des membres du parti].

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Maxime Bernier endosse son surnom «Mad Max» et souhaite se faire connaître grâce à ses mèmes humoristiq­ues (en mortaise).
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