Le Journal de Quebec

Les bons côtés des catastroph­es

- richard Martineau richard.martineau@quebecorme­dia.com

On ne cesse — moi le premier — de répéter qu’on vit dans une société hyper individual­iste.

Chacun dans son coin devant son écran, des écouteurs sur la tête, sacrez-moi la paix, je n’y suis pour personne.

À peine si on connaît le nom de notre voisin.

La seule fois où on pense aux gens qui vivent de l’autre côté de la clôture, c’est pour dire : «Eux autres pis leur maudit chien, leur maudit BBQ, leur maudite tondeuse, leur maudite piscine…»

Quand ça va mal, on redécouvre les vertus du groupe

REDEVENIR DES CITOYENS

Quand tout va bien, on vit peut-être comme ça, effectivem­ent. Emmurés dans nos affaires.

La tête penchée sur notre téléphone «intelligen­t».

Mais quand ça va mal, quand une tempête de merde s’abat sur nos têtes comme ce fut le cas cette semaine, on redécouvre les vertus de la communauté.

On sort soudaineme­nt de notre torpeur, on se souvient qu’on ne vit pas tout seul dans une bulle…

On demande de l’aide, on met l’épaule à la roue, on tend la main, on rend service.

On cesse d’être de simples consommate­urs pour redevenir des citoyens.

Moi, c’est l’image qu’il me restera, de cette semaine de schnoutte : des voisins qui s’entraident.

Qui n’attendent pas l’interventi­on de l’état pour agir et pour se sortir du pétrin.

Ça change des camionneur­s têtus qui ne voulaient pas se faire remorquer, pendant la tempête de neige. Ou des policiers zélés qui distribuai­ent des contravent­ions à des automobili­stes incapables de déplacer leur véhicule.

Autant l’homme peut être imbécile, parfois, autant il peut être extraordin­aire.

DE VRAIS AMIS

D’où la question quiz du jour : pourquoi ça prend une catastroph­e pour qu’on reconnecte avec notre humanité ?

Pourquoi on ne se comporte pas de cette façon toute l’année ?

Vous imaginez tout ce qu’on pourrait faire si on était comme ça tout le temps ? Comment la vie serait plus facile ? Plus agréable ?

Pourquoi faut-il une inondation pour parler à nos voisins ?

Me semble que c’est mieux qu’insulter des gens sur les médias sociaux, non ?

D’ailleurs… combien d’amis Facebook sont venus vous aider, au cours des derniers jours ? C’est bien ce que je pensais. C’est bien beau, un inconnu qui « like » ton statut ou qui partage une de tes blagues, mais un voisin en chair et en os qui t’aide à vider ton sous-sol, c’est pas mal plus utile.

LA FIN DU MONDE

Je vais encore parler de cinéma, mais suivez-moi, un instant…

Savez-vous pourquoi nous aimons tous les films catastroph­es, selon moi ? Les films de fin du monde, de tremblemen­ts de terre, de zombies ?

Parce que ces films racontent toujours la même histoire : comment, face au danger, des individus isolés qui ne se connaissen­t pas et qui n’ont rien en commun s’unissent pour former une communauté.

C’est comme si ces films nous rappelaien­t ce qu’est un citoyen. Tous pour un, un pour tous.

On regarde ces films, et ça nous rend nostalgiqu­es d’une époque où les liens entre les personnes étaient plus solides, plus vrais.

Où le « Ti-coune » du village était pris en charge par l’ensemble des villageois.

Où on mettait nos ressources en commun.

Au lieu de se regarder de travers.

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