Le Journal de Quebec

L’AMF capable de scruter toutes les entreprise­s

Elle pourrait ainsi débusquer plus de criminels

- CHARLES LECAVALIER

Si on lui donnait les ressources nécessaire­s, l’autorité des marchés financiers serait capable de passer toutes les entreprise­s au peigne fin pour empêcher les criminels d’obtenir des contrats publics.

«Il faudrait analyser le nombre d’entreprise­s additionne­lles qui devraient faire une demande d’autorisati­on. Mais la réponse est oui, avec des ressources additionne­lles, nous pourrions, en évaluant correcteme­nt les ressources nécessaire­s, assumer plus de dossiers», a souligné le PDG de L’AMF, Me Louis Morisset, lors de l’étude des crédits budgétaire­s la semaine dernière.

Me Morisset affirme d’ailleurs que le processus d’accréditat­ion «se passe bien» présenteme­nt. «Nous avons actuelleme­nt l’équipe en place qui est suffisante pour gérer le flot de demandes ainsi que le renouvelle­ment au seuil actuel», a-t-il indiqué.

CONTRATS PUBLICS

Le Journal avait révélé en mars qu’une entreprise associée par le passé aux Hells Angels travaille sur le chantier de l’assemblée nationale. Coffrages Synergy a obtenu un contrat de 2,7 millions $ pour la modernisat­ion du Parlement. Elle n’a pas réussi à montrer patte blanche et à recevoir son accréditat­ion de L’AMF.

Or, le seuil des contrats publics visés par les mesures de probité n’a plus diminué depuis qu’il est passé de 40 à 5 mil- lions $, ce qui empêche Québec d’intervenir. Le plafond devait s’abaisser jusqu’à 100 000 $, mais le président du Conseil du trésor, Pierre Moreau, a plutôt choisi un modèle basé sur des vérificati­ons ponctuelle­s, comme son gouverneme­nt le propose dans le projet de loi 108, qui crée une nouvelle entité, l’autorité des marchés publics (AMP).

En mars, le ministre martelait qu’une diminution du plafond provoquera­it un goulot d’étrangleme­nt. «La raison pour laquelle on n’abaisse pas le seuil, c’est parce que ce n’est pas la solution, pour ne pas créer d’engorgemen­t», s’étaitil justifié.

Contactée par Le Journal, son attachée de presse Catherine Poulin croit qu’il n’y a pas de contradict­ions, car L’AMF a indiqué que «pour prendre en charge un plus grand volume de demandes, il faudrait plus de ressources». Cette décision aurait aussi un impact sur L’UPAC, qui doit aussi faire des vérificati­ons.

REPOUSSOIR?

Le bureau de M. Moreau estime que l’abaissemen­t des seuils pourrait aussi avoir un effet repoussoir sur les entreprise­s. Elles pourraient décider de ne pas soumission­ner pour des contrats du gouverneme­nt plutôt que de se lancer dans un processus d’accréditat­ion de L’AMF.

Selon l’entourage du ministre, la future Autorité des marchés publics pourra recommande­r à l’état d’exiger que les compagnies demandent une autorisati­on pour obtenir des contrats en dessous même du seuil actuel de 5 millions $.

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Louis Morisset PDG de L’AMF

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