Le Journal de Quebec

Que suis-je venu faire ici?

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Ma lettre s’adresse à nos élus, nos menteurs. Ça fait 20 ans que je suis au Québec et je suis écoeuré des politicien­s. Au fil des ans, je me suis rendu compte que je m’étais fait endormir aux réunions d’informatio­n de la délégation du Québec à Paris qui prétendait, je les cite : « Nous avons besoin de diplômés et de gens d’expérience! »

Pour ceux et celles qui ne le sauraient pas, cette phrase constitue le cheval de bataille du Québec dans la francophon­ie européenne qui n’a cesse de nous vanter les bienfaits de vivre au Canada. Je suis donc débarqué ici avec mon expérience sur trois continents, mon stock (un 40 pieds plein à bloc), mes diplômes et plein d’espoir.

Malheureus­ement au Québec on n‘est pas au Canada et nos diplômes ne sont pas reconnus. Merci aux menteurs de la délégation. Si la majorité des diplômés étrangers d’ici sont chauffeurs de taxi, moi je suis chauffeur de truck. Alors à nos élus d’ici qui veulent faire du Québec un pays, pourquoi ne pas commencer par nous dire la vérité?

Avant de faire un pays on commence par mettre au point sa monnaie, laquelle doit correspond­re à son PIB. Quand on considère que la province a une dette de 200 milliards pour 8 millions d’habitants, on se demande comment on va pouvoir y arriver, D’autant plus vu l’état de nos routes et la magouille qui perdure dans ce secteur. J’ai d’ailleurs fermé ma compagnie à cause du « trop de temps perdu dans les cônes oranges »

Monsieur le Maire, au lieu de vous vanter de la Métropole que vous dirigez, quand pensez-vous avoir rétabli une qualité de réseau routier digne d’une grande métropole justement? Et cela, à l’intérieur de la ville comme à l’extérieur. Ne vous étonnez pas que les sièges sociaux s’envolent sous des cieux plus cléments et que des québécois de souche vendent leurs propres compagnies.

Pour revenir à mon cas, depuis 20 ans, j’en ai pris dans la gueule des réflexions inadéquate­s du style « Avec ton accent du sud, si tu ne supportes pas l’hiver, retourne dans ton pays! » Ou encore « Encore un maudit Français qui vient manger le pain d’un Québécois! » Mais j’ai toujours tenu bon malgré tout!

Face à l’adversité, j’ai fini par monter ma compagnie pour faire des déménageme­nts à l’internatio­nal pour les consulats et les ambassades, à travers laquelle j’ai aidé des jeunes qui me sont reconnaiss­ants. Il y en a même un qui m’a aidé à traverser mon cancer. Même si j’aime encore le Québec, je commence à avoir ma dose, même si je suis sur un gros projet. Si ça ne décolle pas, et bien je partirai. Mes 20 ans d’expérience au Canada français me font appréhende­r la venue d’un Trump ici.

Un homme

J’espère que vous n’aurez pas à partir, car c’est nous qui perdrions dans ce cas. Mais je comprends votre réaction, encore plus à la lecture de votre CV joint à votre lettre. Heureuseme­nt que vous avez croisé sur votre route certains Québécois qui ont agi de façon empathique envers vous. Cela seul j’espère, vous incitera à demeurer parmi nous.

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