Des cônes orange là pour rester à cause d’une menace de grève
Une centaine de chantiers pourraient être affectés par les griefs des ingénieurs de l’état
Une centaine de chantiers routiers sont suspendus au Québec en raison d’un différend entre le gouvernement et les ingénieurs de l’état, a appris notre Bureau d’enquête.
Le 2 mai, le ministère des Transports du Québec (MTQ) a fait parvenir à plusieurs entrepreneurs de projets routiers une directive par laquelle il leur enjoignait de ne pas démarrer les travaux.
Dans la lettre, la raison invoquée est la grève générale illimitée imminente de l’association professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec (APIGQ).
DÉBRAYAGE RETARDÉ
Cette grève devait être déclenchée à minuit hier. Or, mardi, au terme d’une rencontre convoquée par le président du Conseil du trésor Pierre Moreau, L’APIGQ a décidé de retarder d’une semaine le début du débrayage afin d’entamer un blitz de négociations.
Mais tant qu’une entente n’est pas conclue, le mot d’ordre du MTQ demeure quand même de retarder les mises en chantier.
Ainsi, 70 avis ont été expédiés à autant d’entrepreneurs dont la surveillance des chantiers est assurée par un ingénieur du gouvernement. Trente autres avis ont aussi été envoyés pour des nouveaux chantiers non démarrés et dont la surveillance est confiée à une firme privée. Sans surveillance, il est en effet impossible d’effectuer les travaux.
Au cabinet du ministre Laurent Lessard, on justifie la décision en invoquant à la fois des enjeux financiers et d’impact sur la circulation.
«Le ministère a estimé qu’il est plus économique de reporter le début des travaux que d’assumer des coûts engendrés par l’arrêt d’un chantier en cours», a déclaré Mathieu Gaudreault, attaché de presse du ministre.
IMPORTANTS COÛTS
Si le chantier démarre et qu’une grève vient paralyser les travaux, le MTQ doit payer des pénalités pour les retards encourus. De plus, si certains chantiers exigent des détours, des voies de contournement ou autres entraves, les automobilistes en subiront les contrecoups.
Par conséquent, des chantiers sont suspendus partout au Québec: ponts d’étagement sur l’autoroute 15 à Saint-jérôme, reconstruction d’un ponceau route 148 à Thurso, asphaltage de la route 161 au Centre-du-québec, réfection de l’autoroute 20 à la hauteur de Val-alain, revêtement de béton sur l’autoroute 40 à Québec.
Le MTQ a aussi intimé à la firme Uniroc de cesser les travaux de l’autoroute 50 à la hau- teur de l’aéroport de Mirabel.
«En raison de la grève illimités [ sic] des ingénieurs du ministère prévu [ sic] pour le 10 mai prochain, le chantier […] est suspendu jusqu’à nouvel ordre», peut-on lire dans la lettre signée par Guy Daoust, directeur des projets de la Direction régionale du MTQ.
ENTREPRENEURS FURIEUX
Des entrepreneurs joints par notre Bureau d’enquête se sont dits furieux.
«Ce qui est catastrophique pour l’industrie, c’est que tout ça vient bousculer notre carnet de commandes», pestait l’un d’entre eux.
On a aussi ordonné à Benoît Pouliot, de la compagnie Eurovia, de suspendre des travaux de réfection sur le boulevard du Lac, à Québec.
«Pour nos équipes, ça signifie qu’il y a des employés qu’on ne peut pas rappeler au travail et donc qui risquent d’aller chez des concurrents.»
Le président de L’APIGQ, Marc-andré Martin, ainsi que son comité de négociations, sont attendus ce matin à Québec pour entamer le blitz de négociations avec le Conseil du trésor.
Des revendications salariales sont au coeur du litige. Les ingénieurs de L’APIGQ réclament un rattrapage avec leurs homologues des grandes villes et du gouvernement fédéral.