Le Journal de Quebec

Des cônes orange là pour rester à cause d’une menace de grève

Une centaine de chantiers pourraient être affectés par les griefs des ingénieurs de l’état

- ROBERT PLOUFFE

Une centaine de chantiers routiers sont suspendus au Québec en raison d’un différend entre le gouverneme­nt et les ingénieurs de l’état, a appris notre Bureau d’enquête.

Le 2 mai, le ministère des Transports du Québec (MTQ) a fait parvenir à plusieurs entreprene­urs de projets routiers une directive par laquelle il leur enjoignait de ne pas démarrer les travaux.

Dans la lettre, la raison invoquée est la grève générale illimitée imminente de l’associatio­n profession­nelle des ingénieurs du gouverneme­nt du Québec (APIGQ).

DÉBRAYAGE RETARDÉ

Cette grève devait être déclenchée à minuit hier. Or, mardi, au terme d’une rencontre convoquée par le président du Conseil du trésor Pierre Moreau, L’APIGQ a décidé de retarder d’une semaine le début du débrayage afin d’entamer un blitz de négociatio­ns.

Mais tant qu’une entente n’est pas conclue, le mot d’ordre du MTQ demeure quand même de retarder les mises en chantier.

Ainsi, 70 avis ont été expédiés à autant d’entreprene­urs dont la surveillan­ce des chantiers est assurée par un ingénieur du gouverneme­nt. Trente autres avis ont aussi été envoyés pour des nouveaux chantiers non démarrés et dont la surveillan­ce est confiée à une firme privée. Sans surveillan­ce, il est en effet impossible d’effectuer les travaux.

Au cabinet du ministre Laurent Lessard, on justifie la décision en invoquant à la fois des enjeux financiers et d’impact sur la circulatio­n.

«Le ministère a estimé qu’il est plus économique de reporter le début des travaux que d’assumer des coûts engendrés par l’arrêt d’un chantier en cours», a déclaré Mathieu Gaudreault, attaché de presse du ministre.

IMPORTANTS COÛTS

Si le chantier démarre et qu’une grève vient paralyser les travaux, le MTQ doit payer des pénalités pour les retards encourus. De plus, si certains chantiers exigent des détours, des voies de contournem­ent ou autres entraves, les automobili­stes en subiront les contrecoup­s.

Par conséquent, des chantiers sont suspendus partout au Québec: ponts d’étagement sur l’autoroute 15 à Saint-jérôme, reconstruc­tion d’un ponceau route 148 à Thurso, asphaltage de la route 161 au Centre-du-québec, réfection de l’autoroute 20 à la hauteur de Val-alain, revêtement de béton sur l’autoroute 40 à Québec.

Le MTQ a aussi intimé à la firme Uniroc de cesser les travaux de l’autoroute 50 à la hau- teur de l’aéroport de Mirabel.

«En raison de la grève illimités [ sic] des ingénieurs du ministère prévu [ sic] pour le 10 mai prochain, le chantier […] est suspendu jusqu’à nouvel ordre», peut-on lire dans la lettre signée par Guy Daoust, directeur des projets de la Direction régionale du MTQ.

ENTREPRENE­URS FURIEUX

Des entreprene­urs joints par notre Bureau d’enquête se sont dits furieux.

«Ce qui est catastroph­ique pour l’industrie, c’est que tout ça vient bousculer notre carnet de commandes», pestait l’un d’entre eux.

On a aussi ordonné à Benoît Pouliot, de la compagnie Eurovia, de suspendre des travaux de réfection sur le boulevard du Lac, à Québec.

«Pour nos équipes, ça signifie qu’il y a des employés qu’on ne peut pas rappeler au travail et donc qui risquent d’aller chez des concurrent­s.»

Le président de L’APIGQ, Marc-andré Martin, ainsi que son comité de négociatio­ns, sont attendus ce matin à Québec pour entamer le blitz de négociatio­ns avec le Conseil du trésor.

Des revendicat­ions salariales sont au coeur du litige. Les ingénieurs de L’APIGQ réclament un rattrapage avec leurs homologues des grandes villes et du gouverneme­nt fédéral.

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Des chantiers comme celui-ci risquent de perdurer si les ingénieurs du gouverneme­nt du Québec mettent leur menace de grève à exécution.

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