Le Journal de Quebec

Aéroplan en eaux troubles après le départ d’air Canada

- VINCENT LARIN

Le programme de récompense Aéroplan risque d’être beaucoup moins intéressan­t pour les consommate­urs avec le départ d’air Canada, croient des experts.

La compagnie aérienne a annoncé hier qu’elle ne renouvelle­ra pas son entente avec le gestionnai­re du programme de «milles» Aéroplan, la compagnie Aimia, à son échéance, le 29 juin 2020.

Air Canada prévoit offrir son propre programme de fidélisati­on qui pourrait lui rapporter plus de 2 milliards $ sur 15 ans, selon ses estimation­s.

«À court terme, ça ne change pas grand-chose pour le consommate­ur moyen, qui a trois ans pour liquider ses points Aéroplan», note le professeur de marketing à l’école des hautes études commercial­es de Montréal (HEC), Jacques Nantel.

Selon lui, Aimia devra absolument se trouver un nouveau partenaire pour offrir des vols d’avion comme primes s’il souhaite continuer d’attirer des membres.

L’entreprise semble au moins avoir appris de la controvers­e provoquée par le gestionnai­re du programme des points Air Miles, dit Jacques Nantel. L’entreprise Loyaltyone avait alors dû reculer après avoir ajouté une clause d’expiration de cinq ans pour les milles de récompense accumulés par ses membres.

CARRÉMENT DISPARAÎTR­E ?

Le programme Aéroplan risque toutefois de disparaîtr­e s’il ne s’adapte pas, croit l’associé chez R3 Paul Lafortune, qui donne également des séminaires en fidélisati­on à HEC. «Je cumule des points à quel endroit et pour quoi au juste? Ça va devenir la question, dit-il. La survie [d’aéroplan] n’est pas garantie après 2020 sans partenaire aérien.»

Une part importante des primes accordées par ce programme de récompense­s était des billets d’avion et les membres ne pourront plus accumuler des points grâce à leurs vols avec Air Canada une fois le partenaria­t terminé, rappelle-t-il.

«Airmiles, par exemple, est un programme plus adapté pour acheter toutes sortes de choses comme des machines à café ou des micro-ondes, alors qu’aéroplan, c’est vraiment conçu pour les vols d’avion», explique Paul Lafortune.

DES MILLIONS DE MEMBRES

Aimia a vu la valeur de son titre chuter de 50 % en bourse hier matin, malgré des efforts de sa part pour minimiser l’impact du départ d’air Canada de son programme de récompense. «Nous explorons plusieurs alternativ­es pour l’après 2020 et nous sommes confiants que nous pourrons continuer à fournir des primes qui répondent aux besoins de nos membres», a indiqué le porte-parole de l’entreprise Maxime Bernard.

Le programme Aéroplan a plus de cinq millions de membres actifs au Canada.

Air Canada n’a pas voulu commenter davantage le sujet hier.

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