Le Journal de Quebec

L’avenir des partis politiques

Le cynisme qui affecte actuelleme­nt les citoyens en Occident donne lieu à de curieuses conclusion­s.

- denise bombardier Journalist­e, écrivaine et auteure denise.bombardier@quebecorme­dia.com

À vrai dire, la montée des extrémisme­s, qui permettent à des personnage­s comme Donald Trump d’accéder à la présidence de son pays, au Front national de Marine Le Pen et au mouvement des Insoumis de Jean-luc Mélanchon en France de cumuler plus de 40 % des appuis à l’élection présidenti­elle, désarçonne, inquiète, et plonge dans la perplexité tous ceux qui partagent une certaine idée de la politique.

Qu’emmanuel Macron ait réussi en 18 mois à se propulser à la tête de son pays avec son mouvement En Marche!, prouvant ainsi l’échec des partis politiques traditionn­els, en amène plusieurs à conclure à la mort de ceux-ci.

C’est la conviction de mon confrère et ami Richard Martineau qui, avec son style à l’emporte-pièce, tire à boulets rouges sur ces institutio­ns qui encadrent la démocratie. Joseph Facal, exministre, croit plutôt qu’il faut cesser de laisser des politicien­s profession­nels nous gouverner.

INDIVIDUAL­ISME

Or, ce ne sont pas les partis politiques qu’il faut abattre. On ne doit pas non plus s’imaginer que les politicien­s profession­nels sont la cause première de notre désaffecti­on pour les partis politiques. Si ces derniers semblent englués dans une immobilité qui nous atterre et nous révolte, c’est qu’ils reflètent l’image de la culture actuelle où l’individual­isme impose ses droits, ses lois et fait fi de ce qui a permis à des héros tels de Gaulle, Churchill, Adenauer, Nehru et Kennedy de faire le sacrifice de leur personne au nom du bien commun.

La société atomisée du «je, me, moi» qui est nôtre attire au pouvoir des gens comme Donald Trump, qui a littéralem­ent kidnappé le parti républicai­n pour ses propres intérêts. Il ne faut donc pas s’attendre à ce que des personnali­tés charismati­ques, mais individual­istes, puissent se sacrifier et se désintéres­ser entièremen­t de leurs intérêts personnels.

Si les partis politiques sont morts ou moribonds, comment et par quoi allonsnous les remplacer? En démocratie représenta­tive, le citoyen n’est même pas obligé de participer aux élections. C’est son droit de ne pas voter. Comme c’est son droit de se comporter avec un minimum de civilité à condition de respecter la loi.

RÔLE DES PARTIS

Les partis politiques permettent de véhiculer les idées, de canaliser les conviction­s, de porter un projet partisan que la population dans sa souveraine­té appuie ou rejette. Ils manquent cependant à leurs responsabi­lités lorsque leurs militants les détournent de leurs objectifs annoncés en les pervertiss­ant.

Les politicien­s donnent trop souvent, hélas, un spectacle désolant en affichant non seulement leurs luttes intestines, mais en laissant leur ambition et leur aveuglemen­t militant entacher l’institutio­n dont ils se réclament.

Les partis politiques offrent des choix aux conséquenc­es collective­s. Les militants de toutes tendances souvent s’éloignent des desiderata des électeurs. Si aujourd’hui le peuple crie sa colère, les partis politiques doivent faire leur mea culpa. Car la rue saura s’offrir aux extrémiste­s.

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Notre société atomisée du «je, me, moi» attire au pouvoir des gens comme Donald Trump.

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