Le Journal de Quebec

Le caractère n’a pas de prix

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Les joueurs des Capitals de Washington ont quitté le plateau sous les huées d’un public encore une fois trompé par des athlètes qui n’ont justement pas su trouver l’énergie et surtout la déterminat­ion pour gagner leurs applaudiss­ements. Les Capitals ont encore échoué. Tous les ans, ils s’écroulent sous la pression. Sous le régime Alex Ovechkin, ils n’ont jamais franchi la deuxième étape du tournoi printanier. Et pourtant, au cours des deux ou trois dernières saisons, ils avaient réussi, semble-t-il, à réunir les conditions gagnantes. √ Un solide gardien. √ Une défense équilibrée. √ Une attaque explosive. √ Une formation qui, au cours des deux dernières saisons, a accumulé 238 points au classement. Sauf que le caractère n’apparaît jamais dans les statistiqu­es. On le découvre au résultat final. On le découvre à l’occasion d’un long parcours exigeant des efforts répétés, obligeant les patineurs à sortir de leur zone de confort, les invitant à composer et surtout à vaincre l’adversité.

Ce caractère, les Capitals ne l’ont pas.

Mercredi soir, ils avaient une opportunit­é unique de passer à la troisième étape. L’adversaire était déjà privé de son meilleur défenseur, Kristopher Letang, de son gardien numéro un, Matthew Murray, et à la liste se sont ajoutés les noms de Trevor Daley et de Cal Hagelin. Aussi, faut-il le rappeler, Sidney Crosby avait quitté le quatrième match de la série dans les premiers instants de la première période et il avait raté le match no 5.

L’HEURE DES DÉCISIONS

Le scénario était parfait. Sauf que les acteurs endossant le chandail rouge n’ont jamais su apprendre leur rôle à la perfection. Et ça n’a pas plu aux clients, qui paient le gros prix pour espérer l’excellence, pour applaudir l’effort au boulot, pour manifester leur enthousias­me à la suite d’un travail collectif.

Maintenant, c’est l’heure de prendre des décisions.

Que fera Ted Leonsis, le propriétai­re? Il possède, sur papier, la meilleure équipe de la ligue. Chaque année, il ajoute des éléments nouveaux, mais en bout de ligne, le résultat soulève la colère des partisans.

On a beau miser sur des joueurs talentueux, on a beau épier pendant un calendrier de 82 matchs une formation fonctionna­nt comme un rouleau compresseu­r, au bout du compte, ça ne change rien.

Les Capitals disparaiss­ent avec l’arrivée des tulipes. Parfois tard en avril et très souvent au début de mai.

ACQUISITIO­NS COÛTEUSES

Leonsis a dépensé de gros sous pour encadrer son joueur tout étoile. Au cours des dernières années, il a embauché Justin Williams,t. J. Oshie, Matt Niskanen, Brooks Orpik, Kevin Shattenkir­k. Il y a aussi Lars Eller… mais bon. Également, l’arrivée d’un nouvel entraîneur, Barry Trotz. Ça ne fonctionne toujours pas. Doit-on sauter à la conclusion que l’ère Ovechkin est terminée, d’autant plus qu’il a disputé le dernier match sur la troisième ligne d’attaque et qu’au cours de la saison, il n’a jamais pu franchir le plateau des 40 buts et qu’il a maintenant 32 ans?

Il soutient qu’il a joué en dépit d’une blessure au dos, résultat d’une mise en échec de Nazem Kadri, des Maple Leafs de Toronto, mais on retient tout de même qu’il était sur la patinoire pour les deux buts des Penguins.

SE SACRIFIER POUR LA CAUSE

Ovechkin n’est pas le seul à avoir échoué. Nicklas Backstrom n’a rien cassé, mercredi. Pas plus qu’evgeny Kuznetsov.

Bref, cette équipe a refusé de payer le prix. Elle a refusé de reconnaîtr­e que pendant le tournoi printanier, il faut savoir se sacrifier pour la cause.

Doit-on démanteler l’équipe et la rebâtir? Non. Ça demeure quand même une formation de premier plan. Que faire, alors? Reconnaîtr­e, dans un premier temps, qu’ovechkin n’est peut-être plus le joueur numéro un de la concession. Et, avec quelques changement­s pour compenser les joueurs qui se baladeront au marché des joueurs autonomes, ils devront dénicher des patineurs sachant jouer sous la pression, démontrant que le caractère départage le gagnant du perdant.

Ça fait 12 ans qu’on cherche une solution à Washington.

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Alex Ovechkin n’est peut-être plus le joueur numéro un des Capitals.

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