Le Journal de Quebec

Le compliment ultime

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Don Cherry n’a pas l’habitude de lancer des fleurs aux joueurs européens. Mais il l’a fait pour Erik Karlsson après la victoire ultime des Sénateurs d’ottawa aux dépens des Rangers de New York, mardi soir.

Il a glissé ses propos tout bonnement, sans hausser le ton, à travers ses réflexions de la série. Mais ses mots avaient du poids.

«Karlsson ressemble à Bobby Orr. Il joue bien en tout temps», a-t-il déclaré.

Quand on connaît l’admiration et le respect que Cherry porte envers son ancien protégé des Bruins, c’est tout un compliment à l’endroit de Karlsson.

Mais entendons-nous bien. Ce n’était pas une comparaiso­n. C’était une façon de parler. Car pour les fans des Bruins, Orr sera toujours le plus grand.

Serge Savard répète continuell­ement qu’il était dans une classe à part.

«Karlsson est impression­nant, mais on ne commencera pas à le comparer», m’a-t-il lancé l’autre soir.

Et il parlait aussi fort que Cherry peut le faire à son naturel.

L’APPROCHE DE BOUCHER

Le talent de Karlsson n’a jamais fait de doute. Ses deux trophées Norris en témoignent. Mais comme pour P.K. Subban à Montréal, Karlsson traînait jusqu’à l’an dernier une réputation de joueur axé sur lui-même à Ottawa.

Lors de la nomination de Guy Boucher au poste d’entraîneur des Sénateurs il y a un an, beaucoup de gens se demandaien­t dans la capitale comment il s’y prendrait pour que le joueur suédois se fonde dans son système de jeu.

Boucher m’avait donné le genre de réponse qu’on attend de lui.

«Il faut l’accepter tel qu’il est», m’avait-il dit.

«Il a sa vie, sa famille, ses habitudes de vie. Je ne suis pas là pour le motiver, mais pour activer ce qu’il a en lui. C’est à moi de faire ça. Ça fait partie de mon travail.

«Je devrai passer du temps avec lui afin de le connaître. Tu dois connecter avec le background des individus.»

TRANSFORMA­TION RÉUSSIE

Est-ce une chose que les dirigeants du Canadien n’ont pas su faire avec Subban? La question se pose. Karlsson est devenu un défenseur complet, le meilleur de la Ligue nationale, et un grand capitaine.

On dirait que Boucher est entré dans sa tête. Comme son entraîneur, il est d’une grande intensité que l’on ne lui connaissai­t pas autrefois sur le banc.

Il s’implique dans toutes les phases du jeu. Il est conscient de ses responsabi­lités en défense, il bloque des tirs, bref, il fait tout sur la patinoire.

Comme Cherry l’a dit l’autre soir, il joue bien en tout temps.

Il est de la même catégorie que Sidney Crosby, auquel il se frottera à compter de demain en finale de l’associatio­n de l’est. Il exerce un impact similaire.

ORR EST IMPRESSION­NÉ

À l’instar de Serge Savard, Bobby Orr est impression­né par Karlsson.

C’est ce que m’a dit hier le journalist­e bostonien à la retraite Russ Conway, à qui Orr avait confié ses dossiers qui menèrent à l’arrestatio­n et à la condamnati­on de son ancien agent et ancien directeur exécutif de l’associatio­n des joueurs, Alan Eagleson.

Conway a gagné un Pulitzer pour ses reportages et écrit un livre sur cette scabreuse affaire d’extorsion exercée par l’ancien tsar de L’AJLNH.

Orr ne donne pas beaucoup d’entrevues. Copropriét­aire d’une firme de représenta­tion de joueurs avec Rick Curran, il se sent mal à l’aise de parler de joueurs qui ne font pas partie de son écurie. Dommage. On aimerait entendre ce qu’il pense de Karlsson. Si aucune comparaiso­n ne tient entre lui et Karlsson, on peut toutefois dire une chose.

Karlsson est aussi utile et important aux Sénateurs aujourd’hui que Orr l’a été pour les Bruins.

Dit ainsi, ça ne devrait froisser personne.

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Erik Karlsson s’implique dans toutes les phases du jeu.

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