Le Journal de Quebec

Mères et élues municipale­s

- karine gagnon karine.gagnon@quebecorme­dia.com Kgagnonjdq

De nombreuses raisons font en sorte que les femmes hésitent encore aujourd’hui à faire le saut en politique municipale, et parmi ces raisons, le fait d’être mères.

En 2009, Marie-ève Proulx s’est retrouvée plongée dans un immense tourbillon: élue mairesse de Saint-pierre-de-la-rivière-du-sud le dimanche, elle apprenait le lendemain qu’elle perdait son emploi principal, et le mercredi qu’elle était enceinte, ce qui n’était pas planifié. Pendant ce mandat de quatre ans, elle accouchera aussi d’un deuxième enfant. Par conséquent, en matière de conciliati­on travail-famille Mme Proulx s’y connaît. «Être maman et faire de la politique, c’est possible, assure-t-elle. Ça exige de faire des choix et de prioriser, et en tant que femmes, on a déjà ces qualités-là.» Le soutien du conjoint est primordial. Elle a aussi reçu l’aide de ses parents. C’est non seulement faisable, dit-elle, mais très enrichissa­nt.

PEU NOMBREUSES

Dans la MRC de Montmagny, les conseils municipaux n’ont compté aucune autre élue ces 20 dernières années. Cela reflète bien la sousreprés­entation des femmes dans les autres villes du Québec, où elles ne comptent que pour 17 % des maires et 32 % des conseiller­s. L’union des municipali­tés du Québec (UMQ) mène d’ailleurs une campagne, à l’approche des élections, dans le but d’attirer plus de femmes en politique municipale.

«Ça prend une diversité, des idées différente­s, ça prend de tout pour faire un monde», souligne Mme Proulx, qui a été la première mairesse de l’endroit, fondé il y a 300 ans et où habitent 1000 personnes.

Elle a pour sa part abattu beaucoup de travail jusqu’en 2013, elle qui souhaitait «ramener la municipali­té de son état “comme en 1960” aux années 2000». Elle énumère les progrès qu’il y avait à faire en matière de communicat­ions, de nouvelles technologi­es et d’environnem­ent.

Dans une petite municipali­té, le salaire d’élu demeure très peu élevé – 12 000 $ dans son cas – et les élus ne peuvent compter sur une fonction publique et du personnel en bon nombre. Elle a aussi dû se battre pour faire sa place. Au début, ses collègues ne l’invitaient même pas aux réunions, pas pour être méchants, précise-t-elle, mais parce qu’ils avaient leurs façons de faire et qu’elle venait en ébranler plusieurs.

Au bout de son mandat, qui avait été précédé de quatre années comme conseillèr­e municipale, Mme Proulx a décidé de faire une pause de la vie politique. Elle a depuis donné naissance à un troisième enfant et fondé son entreprise de conférenci­ère et coach d’élus, de gestionnai­res et de gens d’affaires. Mais elle a toujours la politique dans le sang, admet-elle, et n’écarte pas d’y revenir.

L’UMQ mène d’ailleurs une campagne, à l’approche des élections, dans le but d’attirer plus de femmes en politique municipale

PERCEPTION­S À CHANGER

Tout comme elle, Natacha Jean, conseillèr­e municipale à la Ville de Québec, a décidé de quitter la vie politique pour réaliser un vieux rêve, celui de se lancer en affaires. Malgré tout, ses quatre ans en politique municipale, qui se termineron­t en novembre, lui ont apporté beaucoup, témoigne celle qui s’était engagée comme mentor pour recruter plus de femmes en politique municipale.

Le fait d’être maman de deux jeunes enfants, qui ont maintenant 10 et 12 ans, n’a pas été un frein, mais elle a tout de même retardé son entrée en politique de quatre ans pour les laisser grandir un peu. «Il faut que le papa soit très présent», souligne-t-elle à son tour, ajoutant que ses collègues et elle ont souvent emmené les enfants lors de comités exécutifs ou de réunions. Ils étaient toujours très bien accueillis.»

Mme Jean croit par ailleurs qu’il reste encore beaucoup de travail à faire au niveau des perception­s envers les femmes en politique. Non pas au sein de l’équipe, mais chez les partenaire­s et les collaborat­eurs, elle a souvent senti que le fait de travailler avec son coeur et de ne pas paraître inébranlab­le pouvait être perçu comme une faiblesse. «Pour moi, c’est une force», fait-elle valoir.

La conseillèr­e sortante a remercié le maire, vendredi, pour la place qu’il fait aux femmes dans son équipe. Équipe Labeaume vise toujours la parité pour les prochaines élections.

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Natacha Jean a décidé de quitter son poste d’élue municipale à Québec pour se lancer en affaires. Marie-ève Proulx (en mortaise) a été élue mairesse de Saint-pierre-de-la-rivière-du-sud en 2009. Elle a accouché de deux enfants durant son mandat.
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