J’haïs les trucks
Croyez-le ou non, en 55 ans de métier comme essayeur de divers véhicules, je n’avais jamais conduit un camion, même pas le si populaire Ford F-150 qui figure toujours en tête du palmarès des véhicules les plus vendus au Canada comme aux États-unis.
Et sachez qu’après l’avoir fait pour la première fois, il est peu probable que je refasse l’expérience. Bref, j’haïssais les trucks et je les haïs maintenant davantage.
Quel désagrément de conduite! Après environ deux heures au volant, j’étais exténué d’avoir passé mon temps à ramener le F-150 dans le droit chemin. À sa décharge, je dois dire que l’état de nos routes est sans doute le pire ennemi des camions.
Les trous, bosses, nids-de-poule et autres calamités s’accommodent mal d’une suspension rigide, et on se fait secouer plus que de raison tout en ayant à corriger la trajectoire à tout moment, parce que le véhicule a du mal à garder le cap. Quant au freinage, je le qualifierais de marginal.
EN A-T-ON BESOIN?
Je comprends parfaitement l’achat d’un tel véhicule chez ceux dont le travail ou autre activité imposent l’usage d’un camion, mais un fort pourcentage des conducteurs sont de simples automobilistes qui, pour des raisons floues, croient nécessaire de rouler dans un véhicule dont ils n’ont absolument pas besoin.
Serait-ce pour affirmer leur virilité ou leur ambition d’être «the king of the road»?
Je l’ignore, mais ce qui est vrai, c’est qu’ils appartiennent à cette communauté obsédée par une domination de la route. «Tasse-toi, mon oncle» est sans doute leur slogan.
Revenons à mon Ford F-150 du début et rendons à César ce qui appartient à César. La première chose qui m’a sauté aux yeux en montant à bord, ce sont ces deux immenses rétroviseurs latéraux qui procurent une visibilité qui surpasse quasiment celle des caméras de marche arrière.
L’immense console est aussi la bienvenue quand on sait que n’importe quel trucker a les poches pleines d’un tas de traîneries. L’ergonomie aussi est très soignée tandis que la présentation intérieure est loin d’être dépouillée comme c’était le cas dans les camions, à une époque pas si lointaine.
UN VASTE CHOIX
L’achat d’un F-150 n’est pas pour les indécis tellement les variantes sont nombreuses. Pas moins de sept versions sont proposées, quatre moteurs différents, deux transmissions, dont une à 10 rapports, et diverses longueurs de cabine.
Sous le capot, la puissance offerte varie de 253 à 450 chevaux, tout près du simple au double sans oublier le fameux système «Ecoboost» afin de tempérer la soif de certains moteurs. La consommation suit la même courbe ascendante avec aussi peu que 9,3 L/100 km jusqu’à un douloureux 15,6 L/100 km.
L’argument majeur de Ford avec le F 150 est qu’il a été énormément allégé en se parant d’un alliage d’aluminium. Ce régime minceur a, dit-on, amélioré l’ensemble du comportement du véhicule, mais pas assez pour gagner mon estime.
J’aime trop l’automobile pour succomber à cet engouement pour les camions. Je reconnais leur utilité pour diverses tâches, mais je déplore leur trop grand nombre sur nos routes et leur participation significative à la pollution automobile.