Le Journal de Quebec

Seule dans la tempête

- karine gagnon

L’image était très forte, très révélatric­e. Anne Guérette est arrivée seule au point de presse, où elle a fait le point sur la crise interne qui secoue son parti depuis la semaine dernière.

La chef de Démocratie Québec est apparue l’air grave et a commencé son exposé d’une voix tremblante, qu’elle a fini par maîtriser après quelques phrases.

Quoi de plus normal, dans les circonstan­ces, alors que les qualités de leader de celle qui aspire à la mairie de Québec sont remises en question de toutes parts, notamment par Paul Shoiry, qui vient de déserter pour siéger comme indépendan­t.

Dans ces circonstan­ces, j’aurais cru que la chef se serait plutôt entourée. Où étaient les candidats à l’élection, les membres de son équipe, tant du cabinet que du parti et de l’organisati­on? Une forte démonstrat­ion d’unité et de solidarité était nécessaire, immédiatem­ent.

On peut penser que cette façon de faire résultait du désir de montrer à quel point Mme Guérette est une personne forte et déterminée, capable d’aller au combat. Mais dans les circonstan­ces, alors que la chef doit au plus vite faire la preuve de son côté rassembleu­r, on a raté le but visé.

UNE SIMPLE « MUTATION »

Mais voilà, pour Mme Guérette, son parti ne vit pas une crise, mais une simple «mutation». Souhaitons qu’on ne nie pas ainsi l’évidence à l’interne.

Déjà que la chef ne disposait que de très peu de temps avant l’élection pour développer équipe et programme, elle n’avait certaineme­nt pas besoin de cette tempête qui secoue les bases du temple.

Les électeurs auront-ils vraiment envie de faire confiance à un parti qui paraît aussi désorganis­é, à moins de six mois du scrutin et dont les membres s’entredéchi­rent?

AUCUNE FAUTE

Par ailleurs, Mme Guérette va loin lorsqu’elle prétend que le départ de M. Shoiry représente un plus pour DQ. Le conseiller, qui a été maire de Sillery et a aussi siégé à l’opposition sous L’allier, disposait d’une longue et profitable feuille de route en politique municipale. Ce genre d’expérience ne s’achète pas, surtout lorsque le temps presse.

Je m’inquiète aussi de voir que Mme Guérette rejette entièremen­t le blâme sur les autres. Dans tout conflit, chacun détient sa part de responsabi­lités. Elle ne fait pas exception et aurait eu avantage à le reconnaîtr­e.

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