Le Journal de Quebec

Couillard ou l’ère du non-accès

- antoine robitaille antoine.robitaille@quebecorme­dia.com

Les promesses lyriques en matière d’améliorati­on de l’accès à l’informatio­n gouverneme­ntale sont nombreuses et touchantes.

Philippe Couillard y excelle. À l’assermenta­tion de son Conseil des ministres, en avril 2014, il promettait que son gouverneme­nt serait «le plus transparen­t que les Québécois auront connu».

Lors de son discours inaugural quelques jours plus tard, il osait, sur le même sujet, une lapalissad­e comique : «Le meilleur remède à l’obscurité, c’est la lumière, la transparen­ce.» Je vous jure, j’en

étais ému. L’émotion s’est dissipée bien vite, car sous Couillard, les problèmes d’accès, dans les faits, se sont multipliés et politisés.

PAS ÉROTISANT

Soit, le sujet n’a rien d’érotisant. «Qu’est-ce que j’en ai à cirer que les journalist­es et citoyens aient ou non accès à tel ou tel document?», diront certains d’entre vous.

Oh, mais le ministre Jean-marc Fournier ne serait pas d’accord! En 2014, il déclarait: «La transparen­ce est l’une des clés pour que s’exerce une saine démocratie, pour que la population ait confiance en l’état, en ses institutio­ns et en ses élus.»

Il promettait à l’époque une révision de la loi d’accès à l’informatio­n. Presque trois ans plus tard, on l’attend encore. Dans l’entourage de la ministre actuelleme­nt responsabl­e de l’accès, Rita De Santis, on nous explique que la grève des juristes a nui au renouvelle­ment promis.

PRATIQUES ILLÉGITIME­S

Il y a bien eu deux mesures en 2014: diffusion des agendas des membres du Conseil exécutif et divulgatio­n proactive de certaines dépenses de hauts dirigeants. En pratique, cela n’a pas changé grand-chose.

Pendant ce temps, des demandes d’accès sur des sujets importants et précis sont manipulées de manière éhontée.

Suffit de lire le texte de Charles Le- cavalier aujourd’hui, sur cette demande d’accès de la CAQ quant au coût des conférence­s de presse d’annonce de travaux du ministère des Transports: les montants ont été caviardés! Plus tôt ce printemps, le MTQ avait carrément coulé le résultat d’une de nos demandes d’accès à un autre média!

Dans le Soleil, on citait en fin de semaine, sous le couvert de l’anonymat, un stratège libéral annonçant que «les demandes d’accès à l’informatio­n des journalist­es pourraient être placées sous surveillan­ce».

Or, nous en avons eu une confirmati­on récemment par un courriel envoyé par erreur à un membre de notre bureau d’enquête: une fonctionna­ire responsabl­e de l’accès à l’informatio­n, échangeant avec un collègue, y écrivait qu’avant de nous envoyer un document demandé, il fallait impérative­ment «attendre le Cabinet». Jointe au téléphone, elle a expliqué que la directrice du cabinet demandait de filtrer toutes les demandes des journalist­es et des opposition­s. Un précédent dans sa carrière de presque deux décennies, avoua-t-elle!

On est loin des promesses lyriques de 2014, qui prennent de plus en plus des allures de baratin, de foutaise. Pour éviter un terme anglais que vous avez sans doute deviné.

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« Le meilleur remède à l’obscurité, c’est la lumière, la transparen­ce. » – Philippe Couillard
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