Le Journal de Quebec

Aux origines de Montréal

Le public aura enfin accès aux fondations du fort de Ville-marie

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Après de longues années de fouilles archéologi­ques, les Montréalai­s pourront enfin contempler le berceau de leur ville. Inauguré demain au musée Pointe-à-callière, le fort de Ville-marie rendra accessible à la population les vestiges du premier établissem­ent qui a abrité Paul de Chomedey de Maisonneuv­e et Jeanne Mance 375 ans plus tôt.

La reconstitu­tion et la mise en valeur du fort de Ville-marie constituen­t un jalon important dans l’histoire de Montréal, estime la directrice générale et fondatrice du musée, Francine Lelièvre. «Trouver le lieu de naissance de notre ville et le redonner au public était un rêve que je caressais depuis 25 ans. Non seulement ce fort est le berceau de Ville-marie, mais il a accueilli 39 nations amérindien­nes lors de la signature de la Grande Paix en 1701. C’est un endroit chargé de symboles.»

Sous un plancher de verre, les visiteurs apercevron­t les vestiges trouvés pendant les campagnes de fouilles. On découvrira notamment un puits, des palissades du fort et les fondations d’un atelier où l’on travaillai­t le métal. De nombreux artéfacts découverts sur le site seront également exposés de façon à représente­r la vie des premiers colons. «Ces gens étaient habités d’un grand courage, insiste Francine Lelièvre. Ils ne s’établissai­ent pas ici dans le but de s’enrichir, mais de bâtir une société de paix. Leurs valeurs ont traversé les époques.»

DU TRAVAIL ET UN PEU DE CHANCE

Jusqu’en 2015, les archéologu­es ignoraient l’emplacemen­t exact et les dimensions du premier établissem­ent français sur l’île, aucun témoignage de l’époque ne fournissai­t de renseignem­ent précis à ce sujet. Au début des années 2000, les recherches menées par le musée Pointe-à-callière et l’université de Montréal sous un vieil entrepôt devant la place d’youville s’avèrent déterminan­tes. «C’était un des seuls bâtiments du secteur dont le sol n’avait pas été bouleversé par les excavation­s, explique Louise Pothier, la conservatr­ice et archéologu­e en chef du musée. Nous avons découvert un sol foncé et argileux à l’intérieur duquel se trouvaient de nombreux artéfacts que l’on pouvait associer au 17e siècle, comme des perles de verre et de la poterie française. Nous étions quelque part à l’intérieur du fort.»

Quinze ans plus tard, les travaux ont enfin été étendus sous la place d’youville. «À notre grand bonheur, nous sommes tombés sur une portion de sol intacte. C’est à cet endroit que nous avons mis à nu un coin de bastion du fort», raconte l’archéologu­e.

L’HISTOIRE N’EST PAS FINIE

À partir de cette trouvaille, un historien spécialist­e a pu calculer les dimensions de l’ouvrage défensif. «Nous pouvons affirmer que le fort avait une superficie de 2500 m² et qu’il était protégé par quatre bastions et d’épaisses palissades en bois, poursuit-elle. Sa position parallèle au Saint-laurent était stratégiqu­e. Le fleuve servait de défense naturelle et les Amérindien­s venant pour échanger des fourrures pouvaient le voir de loin.» Selon Louise Pothier, les milliers d’artéfacts récupérés sous le Vieux-port constituen­t un puits intarissab­le de renseignem­ents pour mieux comprendre l’histoire de la ville. «Chaque objet peut jeter un éclairage nouveau sur le passé. Le fort de Ville-marie est toutefois loin d’avoir révélé tous ses secrets.»

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1. Les visiteurs apercevron­t à travers un plancher de verre les vestiges du fort de VilleMarie. 2. Voici à quoi ressemblai­t le premier établissem­ent français de l’île de Montréal. 3. Le musée Pointe-à-callière et l’université de Montréal ont mené...
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Francine Lelièvre

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