Le Journal de Quebec

Montréal en fête ?

- denise bombardier

Mais Montréal n’est qu’une fête. Montréal est un festival permanent, été comme hiver. Montréal s’amuse et attire de ce fait tous les fêtards.

Montréal n’est pas une belle ville. Et surtout, Montréal ne cache pas ses laideurs. La ville offre aux regards ses terrains vagues, ses rues défoncées, sa saleté, ses travaux à ciel ouvert où l’on cherche en vain les ouvriers toujours en pause-café, apparemmen­t.

Montréal a connu des maires mythiques comme Jean Drapeau, qui a aimé sa ville avec fougue, mais en amant épris, il ne s’est pas embarrassé du coût de sa passion. Il voyait grand et a placé Montréal, alors la métropole du Canada, sur la carte du monde en attirant cinquante millions de visiteurs à l’exposition universell­e de 1967.

LEADERSHIP

Le maire était un porteur de rêves, un utopiste, mais efficace. Mais Jean Drapeau, un nom de parc pour nombre de gens, fut l’architecte de la modernité montréalai­se. Il aimait le beau, la culture, l’opéra en particulie­r, car il était fan des chanteuses à voix.

Il inscrivit Montréal dans son histoire et on peut imaginer que, s’il avait voulu marquer le 375e anniversai­re de sa fondation, il aurait accordé une place prépondéra­nte aux historiens dans son organisati­on. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Ce 375e anniversai­re est une fête improbable. Quelle ville au monde fête sa fondation tous les 25 ans? Cette fête est avant tout celle des politicien­s qui se font du capital, des gens du showbizz qui augmentent le leur et de tous autres qui y trouvent leur profit.

Montréal est en fête, mais les nids de poule n’amusent pas ceux qui circulent dans ses rues. Les policiers en habit rouge pour exprimer leur colère ont inauguré les festivités à leur manière syndicale, faisant du centre-ville un labyrinthe en plus d’un cul-de-sac.

MONTRÉAL EN DÉCLIN

Le pont Jacques-cartier brille des lumières de nos expectativ­es frustrées et de nos déceptions municipale­s, appelons-les ainsi. Je suis montréalai­se, comme ma mère avant moi. Dans mon enfance, j’ai compris que je devais partager la ville avec d’autres, mes voisins irlandais, polonais, et les Juifs hassidique­s que je croisais dans le tramway qui m’amenait rue Sainte-catherine.

Ce Montréal cosmopolit­e a toujours été un atout pour les Montréalai­s. Même s’il fallait se battre pour parler français dans les commerces. J’ai vécu le déclin de Montréal au profit de Toronto avec

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Montréal n’est pas une belle ville. Et surtout, Montréal ne cache pas ses laideurs.

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