Trump, Elvis, Néron, et les autres
«Les Amâârricains, eux autres, ils l’ont l’affâââire!»
Les connaisseurs auront reconnu Elvis Gratton, antihéros du film-culte et navet de Pierre Falardeau sur le Québécois fier d’être colonisé, une espèce en pleine santé.
Oui, mes amis, le système politique américain est en train de prouver sa grandeur.
En regardant aller Trump, vous allez vous dire que je suis tombé sur la tête. Mais suivez-moi un instant.
En dégriffant Trump, le système politique américain est en train de prouver sa grandeur
DÉSASTRE
Frustrés, les Américains ont porté à la Maison-blanche le plus mauvais de deux mauvais candidats.
Ce n’est pas seulement que Trump est excentrique, irascible, colérique et capricieux.
Ce n’est pas seulement que, pour lui, seules comptent ses lubies et que la réalité, quand elle déplaît, peut être congédiée.
Ce n’est pas seulement que son élection, contre le système en place, a achevé de le convaincre qu’il est infaillible et qu’il lui suffit de congédier ceux qui ne disent pas ce qu’il veut entendre.
Ce n’est pas seulement que sa présidence se liquéfie sous nos yeux, en moins de quatre mois, par sa radicale incompétence.
On a l’impression d’avoir sous les yeux une version moderne, moins sanglante, mais plus «quétaine», de Néron ou d’henry VIII.
C’est surtout qu’il est de plus en plus évident que Trump et son entourage baignent dans le mensonge et les conflits d’intérêts au point de mettre en cause la sécurité nationale.
Chaque jour qui passe, la filière russe ressemble de plus en plus à une toile d’araignée dans laquelle lui et ses proches collaborateurs sont emmêlés.
Alors, où est-elle cette grandeur dont je parlais au début?
Elle est dans le fait que le système politique américain contient des anticorps, des mécanismes de défense qui ont commencé à agir.
Ce sont ces fameux «checks and ba- lances», une série de garde-fous et de murs coupe-feu pour prévenir la concentration du pouvoir et son usage intempestif.
BALISES
Quand les Pères fondateurs – Jefferson, Madison, Hamilton, Adams, Washington – ont conçu le système politique américain, ils avaient prévu la possibilité que le peuple frustré veuille donner le pouvoir à un hurluberlu autoritaire et démagogique comme Trump.
Trump se pense au-dessus des balises qui contraignaient tous ses prédécesseurs.
Il teste donc le système comme il ne l’a jamais été.
Or, justement, il est en train de découvrir que le système peut, par exemple, nommer un enquêteur qui aura carte blanche et sur lequel il n’aura pas de contrôle.
Quand le président se fait conseiller d’embaucher un avocat indépendant juste pour lui, c’est que la fumée commence à sortir du grille-pain.
Les républicains prennent rapidement leurs distances.
De plus en plus isolé, Trump rage sur Twitter comme un enfant boudeur qui pique sa crise de nerfs en se roulant par terre.
Il s’agira cependant de ne pas oublier les frustrations qui ont conduit tant de gens à croire à ce faux prophète.