La construction doit marcher
Si aucun accord ne survient, l’industrie de la construction sera en grève le mercredi 24 mai. Aujourd’hui, les parties semblent à des lieues d’une entente. Il se fait parfois des miracles dans les dernières heures avant une échéance, mais il y a nettement de quoi s’inquiéter.
Ce qui achoppe dans les discussions, ce sont les demandes pour plus de souplesse du côté patronal et les demandes salariales de l’alliance syndicale. Les patrons souhaitent élargir les plages horaires de travail (ils voudraient pouvoir démarrer des chantiers à 5h le matin) et plus de souplesse dans la gestion des horaires.
Quant aux demandes salariales des syndicats, elles apparaissent passablement déphasées de la réalité économique. Des hausses annuelles de près de 4 % pour les quatre prochaines années représenteraient le double de la croissance économique et le double de l’augmentation moyenne des salaires. Tout le monde aimerait gagner plus, mais rien ne justifie un tel bond dans le secteur de la construction à ce moment-ci.
De toute façon, il faut penser que la construction est payée par les citoyens du Québec. Payée directement dans le cas du résidentiel. Payée indirectement lorsque le client est le gouvernement ou un commerce. Dans le cas des industries, c’est la compétitivité économique du Québec qui est en jeu.
MALHEUR ÉCONOMIQUE
Une grève de quelques semaines dans la construction aurait des impacts néfastes. L’économie est fragile, la menace américaine ajoute à l’incertitude. Mettre en arrêt une industrie aussi importante dans une saison où les jours sont les plus longs et où le climat se prête à travailler serait une catastrophe.
Les impacts débordent la construction elle-même. Les fournisseurs de matériaux, l’industrie du transport, les gens du secteur de l’outillage sont autant d’exemples de victimes collatérales immédiates. On se souvient du désespoir des marchands de matériaux lors de la dernière grève en 2013.
Une étude de l’association de la construction évalue à plus de 300 millions les pertes économiques de cet arrêt de travail de deux semaines à l’été 2013. À l’époque, la grève avait été heureusement de courte durée dans les grands travaux et dans le résidentiel. Imaginons les conséquences économiques découlant d’une grève générale dans les quatre secteurs.
Au-delà des conséquences économiques, il faut aussi penser aux dommages dans le résidentiel. Les ménages qui attendent la livraison d’une nouvelle propriété pour le premier juillet et qui n’ont pas d’autre toit prévu.
NON !
Je serai clair: cette grève ne doit pas avoir lieu! Le premier ministre Couillard a déjà assuré qu’il ne resterait pas les bras croisés advenant une grève. Je l’espère. Lui et son gouvernement doivent tenir une ligne très dure devant les parties qui négocient et faire comprendre que le gouvernement va recourir rapidement à une loi spéciale.
En 2013, Pauline Marois avait rappelé l’assemblée nationale en été pour adopter une loi spéciale. Elle avait forcé un retour au travail après deux semaines complètes de grève, d’où les dommages économiques.
Cette fois-ci, je pense qu’on devrait compter en heures plutôt qu’en semaines avant d’agir.