Le Journal de Quebec

La C Series dans l’oeil du dragon

- Michel Girard michel.girard@quebecorme­dia.com

Le Financial Times nous apprenait cette semaine que le constructe­ur aéronautiq­ue Commercial Aircraft Corporatio­n of China (COMAC), une société d’état chinoise, serait intéressé à investir dans la Division avions commerciau­x de Bombardier, où on retrouve l’avion-vedette C Series.

Où en sont rendues les discussion­s de Bombardier avec COMAC comme investisse­ur potentiel?

Après m’avoir répondu que Bombardier a pour politique «de ne pas commenter les rumeurs», le porteparol­e Simon Letendre a cependant tenu à ajouter: «Comme nous l’avons déjà dit, nous sommes toujours à l’affût d’occasions stratégiqu­es pour créer de la valeur pour nos actionnair­es et renforcer notre position concurrent­ielle, tant dans nos secteurs aéronautiq­ues que dans celui du transport sur rail».

Avec une telle précision, il faut vraiment prendre au sérieux l’intérêt de COMAC pour la C Series. Et ce pour deux raisons. Un, Bombardier a besoin de partenaire­s qui ont les poches profondes. Deux, COMAC est déjà lié à la C Series en vertu d’une «entente stratégiqu­e», conclue en juin 2013, sur des éléments communs des programmes d’avions C919 de COMAC et de la C Series.

Interrogé à ce sujet depuis Jérusalem où il dirige une mission économique, notre premier ministre Philippe Couillard voit même d’un bon oeil l’intérêt des Chinois pour notre C Series. «Tout partenaria­t intéressan­t pour le Québec, qui maintiendr­a chez nous le siège social pour la Série C, les emplois, l’ingénierie, va être bienvenu», a-t-il déclaré.

DANGER

Actuelleme­nt, la C Series est la propriété d’une société en comman- dite détenue à hauteur de 50,5 % par Bombardier et de 49,5 % par Investisse­ment Québec, à la suite de l’investisse­ment de 1,3 milliard $ du gouverneme­nt Couillard.

Un investisse­ment de COMAC dans la Division avions commerciau­x (de la C Series) viendrait évidemment diluer l’emprise des deux actionnair­es actuels.

Quoi qu’il en soit, ce n’est pas tant cette dilution qui pose problème que l’immense risque de s’associer au constructe­ur aéronautiq­ue chinois.

Quel risque? Le risque de voir la C Series devenir un avion «chinois», et ainsi de se retrouver Gros-jean comme devant après avoir tant investi dans le développem­ent de cet avion «québécois».

Pour la société chinoise, la C Series représente­rait une incroyable acquisitio­n pour développer son propre parc d’avions et ainsi se lancer à l’assaut du monde entier avec l’avion technologi­quement le plus moderne de sa catégorie, à savoir les 100 à 150 places.

CRAINTE

Si jamais Bombardier et le gouverneme­nt du Québec s’associent à COMAC, cela risque d’avoir un impact négatif sur l’avenir de l’industrie québécoise (et canadienne) de l’aéronautiq­ue.

Bien entendu, pour répondre à l’exigence de notre premier ministre Couillard, on écrirait noir sur blanc dans l’entente Bombardier-québecCOMA­C que le siège social de la C Series resterait au Québec, y compris les emplois, l’ingénierie… Sur papier, pas de problème. Sur le terrain? Vous imaginez-vous sérieuseme­nt que le gouverneme­nt chinois va laisser sa société d’état investir dans Bombardier et la C Series sans en tirer de grandes retombées économique­s?

À suivre…

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