Le Journal de Quebec

Un succès surfait

- Jacques Bienvenue jacques.bienvenue @quebecorme­dia.com

Le Ford Escape a beau figurer parmi les utilitaire­s compacts les plus populaires au Canada, et ce depuis des lustres, cela ne l’empêche pas d’être parmi les moins raffinés de sa catégorie.

Depuis son apparition, il y a 17 ans, le Ford Escape compte parmi les modèles les plus populaires de sa catégorie. Mais aujourd’hui, la concurrenc­e dans le créneau des utilitaire­s compacts est particuliè­rement intense. Chaque constructe­ur propose son modèle, y compris les marques de luxe comme Mercedes-benz, Infiniti et BMW. C’est dire combien ce créneau a pris de l’importance.

Les utilitaire­s compacts les plus populaires — les Honda CR-V, Toyota RAV4, Nissan Rogue et Hyundai Tucson — présentent des qualités i ndéniables en matière de conception, de dotation, de prestation­s routières ou de qualités éconergéti­ques. Dans le cas de l’escape, qui talonne ces modèles, une publicité efficace et des prix concurrent­iels doublés d’offres alléchante­s ponctuelle­s semblent être à l’origine de son succès, car, à notre avis, ce véhicule se révèle moins raffiné que les concurrent­s qui le devancent au palmarès des ventes depuis quelque temps.

Voilà ce que nous avons constaté récemment en conduisant un Escape SE 2017 à roues motrices avant. Ainsi, par rapport à un Tucson dont nous avions fait l’essai peu de temps auparavant, l’utilitaire compact de Ford a paru moins impression­nant, entre autres à cause d’une finition moins soignée et, à l’intérieur, de matériaux dont l’apparence suggérait une qualité inférieure. La finesse variable de l’ajustement des pièces de la carrosseri­e et leur robustesse douteuse a aussi contribué à cette impression décevante. Un tout petit choc a même suffi pour qu’un projecteur antibrouil­lard quitte son orbite.

TROIS MODÈLES, TROIS MOTEURS

Ford propose trois niveaux de dotation pour ce véhicule: S, SE et Titanium. Chacune a son propre moteur à 4 cylindres. La version d’entrée de gamme S est animée par un moteur atmosphéri­que de 2,5 L livrant 168 ch, alors que les deux autres versions font usage de moteurs Ecoboost à turbocompr­esseur: un moteur de 1,5 L et 179 ch pour la version SE et un puissant moteur de 2,0 L et 245 ch pour la Titanium. Pour les deux versions moins chères, il est cependant possible d’obtenir un moteur plus puissant contre supplément: le moteur de la ver- sion SE pour la S, et celui de la Titanium pour la SE.

Ces trois moteurs sont jumelés à une boîte de vitesses automatiqu­e à 6 rapports, qui dispose d’un mode manuel. Dans le cas des versions SE et Titanium, le conducteur dispose de palettes de changement de rapports fixées au volant en équipement de série.

Une transmissi­on intégrale réactive figure parmi les options proposées pour les trois versions. Cependant, dans le cas de l’escape S, cette option implique justement de remplacer le moteur atmosphéri­que par l’ecoboost de 1,5 L, ce qui ajoute alors 3 000 $ au prix du véhicule. Par contre, pour les Escape SE et Titanium, nul besoin de substituer un moteur à celui d’origine et l’ajout de la transmissi­on intégrale n’implique qu’un déboursé additionne­l de seulement 2 200 $.

Ces trois moteurs se distinguen­t par leurs capacités d’accélérati­on et de reprises respective­s. C’est naturellem­ent l’ecoboost de 2,0 L qui procure les meilleurs temps d’accélérati­on. Il permet à l’escape de passer de 0 à 100 km/h en moins de 8 s, alors qu’il faut deux secondes de plus pour en faire autant avec l’un ou l’autre des deux autres moteurs. D’ailleurs, le moteur de 1,5 L qui équipait notre véhicule d’essai nous a semblé un peu juste en matière de puissance. Les réglages de sa boîte de vitesses ont visiblemen­t été choisis pour optimiser sa

consommati­on au détriment de performanc­es.

Plutôt Gourmand

De toute façon, ces trois moteurs ne sont pas des champions de la consommati­on. Leurs cotes moyennes gravitent entre 9,0 et 10,1 L/100 km selon le cas et le type de rouage d’entraîneme­nt. Il est donc difficile de recommande­r l’un ou l’autre de ces moteurs, que ce soit pour un Escape à deux ou à quatre roues motrices, sur la seule base de la consommati­on.

L’escape 2017 est d’ailleurs le premier produit Ford à offrir un dispositif d’arrêt/démarrage automatiqu­e au ralenti en équipement de série, du moins sur les modèles munis des moteurs Ecoboost de 1,5 et 2,0 L. La décision d’ajouter ce dispositif à la dotation est d’autant plus logique que ces deux moteurs sont les plus gourmands du lot. Lorsque le conducteur immobilise son véhicule, que ce soit dans le trafic de l’heure de pointe, à un feu rouge ou dans une interminab­le file d’attente menant au guichet du service à l’auto d’un restaurant, le moteur s’arrête automatiqu­ement pour économiser du carburant. Puis, dès que le conducteur relâche la pédale de frein, en moins d’une demi-seconde il redémarre. Ce dispositif réduirait la consommati­on de 4 à 6 pour cent, affirme le constructe­ur… ce qui devrait rendre le café acheté en route pour le travail moins coûteux!

Ce dispositif paraît alléchant, mais il n’a pas rendu moins gourmand pour au- tant l’ecoboost de 1,5 L de notre véhicule d’essai, un moteur par ailleurs plutôt bruyant. La moyenne de 10,7 L/100 km relevée à la fin de notre essai le confirme. De toute façon, pour qu’il consomme peu de carburant, un moteur suraliment­é doit être utilisé avec délicatess­e en effectuant les accélérati­ons doucement et de manière progressiv­e. Autrement, dès qu’il est soumis à de grands efforts (accélérati­ons pour dépasser, conduite en terrain montagneux, conduite plus sportive, etc.), ses qualités éconergéti­ques s’estompent.

L’escape plaît, en revanche, pour son aménagemen­t intérieur spacieux, pra- tique et confortabl­e. Quatre adultes de taille moyenne y trouvent le confort nécessaire pour effectuer de longues randonnées. De plus, son coffre transforma­ble procure un volume utile qui, sans être le plus important (qualité attribuée au coffre du CR-V et du RAV4), se révèle très satisfaisa­nt, ce qui rend l’escape pratique. En effet, le seuil du plancher du coffre est relativeme­nt bas et les dossiers divisés (60/40) de la banquette arrière se replient sans difficulté pour allonger la surface de chargement selon les besoins.

Les sièges baquets ont une forme moulante et supportent bien le corps. De plus, l’instrument­ation est simple à utiliser et à portée de main. L’écran tactile et l’interface SYNC rendent d’ailleurs l’utilisatio­n du système multimédia plutôt simple. Le système de guidage de l’escape figure même parmi les plus faciles à utiliser et à programmer.

En définitive, c’est sans doute l’aspect convivial de cet habitacle, mais aussi le comporteme­nt routier honnête de l’escape et ses prix concurrent­iels qui préservent son attrait auprès des acheteurs typiques de Ford. Le fait qu’il ne soit plus l’utilitaire compact numéro un au Canada montre toutefois que la concurrenc­e sait faire mieux.

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Bien qu’il soit un des utilitaire­s compacts les plus vendus au pays, le Ford Escape n’est pas le plus raffiné du lot.
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 ??  ?? Un aménagemen­t efficace du tableau de bord rend ses commandes faciles à utiliser.
Un aménagemen­t efficace du tableau de bord rend ses commandes faciles à utiliser.
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Le coffre transforma­ble volumineux du Ford Escape est un de ses points forts.

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