D’autres fusils d’assaut en vente
Trois nouveaux fusils d’assaut seront bientôt en vente au Canada. Une décision qui ne fait aucun sens aux yeux d’un groupe pour le contrôle des armes, quatre mois après la tuerie à la mosquée de Québec.
Après des années d’attente, les fabricants, les distributeurs et les amateurs d’armes jubilent sur les blogues dédiés à leur passion.
Trois armes semi-automatiques, du même genre que celles utilisées lors des tueries de Dawson, du Métropolis, et de la mosquée de Québec, viennent d’être approuvées par la GRC.
Il s’agit du CZ Scorpion Evo 3 S1, du Sig Sauer MPX et du K&M M17S-C.
Décrites par leurs fabricants comme des «mitraillettes», les deux premières sont classées dans la catégorie des armes à autorisation restreinte, a confirmé la Gendarmerie Royale du Canada (GRC).
Quant à la K&M M17S-C, «il s’agit soit d’une arme à feu sans restriction, soit d’une arme à feu à autorisation restreinte, selon la longueur du canon», spécifie la caporale Annie Delisle.
Au-delà de leur classification, la porteparole de Polysesouvient se demande quant à elle pourquoi le gouvernement canadien laisse entrer de telles armes au pays.
ARMES MILITAIRES
«Le problème, c’est qu’on permette la vente d’armes conçues pour tuer des humains. Personne n’a besoin de 30 balles pour tuer un chevreuil», rage la diplômée de Polytechnique Heidi Rathjen, qui milite pour le contrôle des armes depuis près de 30 ans.
Selon elle, les trois armes qui viennent d’être approuvées sont des fusils «à configuration militaire que les citoyens ordinaires peuvent posséder».
Notons que les chargeurs des trois armes contiendront seulement cinq balles, afin de respecter les normes canadiennes.
Aux États-unis, ils peuvent en compter jusqu’à 30. Cela ne rassure pas les militants de Polysesouvient.
«Il est extrêmement facile, pour quelqu’un qui s’y connaît, de modifier les chargeurs pour en augmenter la capacité. C’est ce que plusieurs tueurs ont tenté de faire», illustre Heidi Rathjen.
CONTRÔLE
Les libéraux de Justin Trudeau avaient pourtant promis de resserrer le contrôle des armes.
Mais son gouvernement ne compte pas se mêler des affaires de la GRC, affirme l’attaché de presse du ministre fédéral de la Sécurité publique, Ralph Goodale.
«Le gouvernement n’interviendra pas dans la prise de décision des services policiers concernant la classification des armes, puisque ce sont eux les spécialistes de ces décisions techniques», écrit Scott Bardsley par courriel.
LA GRC SE PRONONCE
De son côté, la Gendarmerie royale du Canada relance la balle au gouvernement fédéral en disant qu’elle évalue les modèles d’armes sur le marché «par rapport aux définitions établies dans le Code criminel»… qui relève du ministère de la Justice.
La solution serait pourtant bien simple, pour Heidi Rathjen, qui martèle sans aucune hésitation qu’«il faut changer les règles que [doit] appliquer la GRC».