Les Capitales touchés par la grève de la construction
Le début de saison au Stade Canac, prévu le 1er juin, pourrait être repoussé si le conflit persiste
Le début de saison à domicile des Capitales de Québec est compromis en raison de la grève générale illimitée qui fait rage dans l’industrie de la construction. Le premier lancer au nouveau Stade Canac doit avoir lieu le 1er juin.
Les ouvriers qui s’affairaient à finaliser les travaux au vieux stade du parc Victoria ont été invités à interrompre leurs activités, hier matin.
Une quarantaine de grévistes ont fait irruption sur le chantier dirigé par l’entreprise NMP Golf Construction, qui était le dernier toujours actif dans la région de Québec.
«Nous avions un échéancier calculé au poil depuis des semaines. Alors oui, c’est décevant, avoue Michel Laplante, président de l’équipe de la Ligue CanAm indépendante. C’est une courbe qui vient de pogner le coin et on ne l’avait pas vue venir, celle-là.»
Les Capitales doivent accueillir les Aigles de Trois-rivières pour leur match d’ouverture local sur leur toute nouvelle surface synthétique, jeudi prochain.
À moins d’une entente dans les prochaines heures, les premières rencontres devront être reportées à une date ultérieure.
«On avait absolument besoin de la fin de semaine pour avancer et pour arriver à temps», a soufflé Laplante, estimant entre 30 000 $ et 40 000 $ par jour les pertes quotidiennes liées à cet arrêt forcé.
PAUSE PARADOXALE, DIT LAPLANTE
Les travaux, évalués à 4,1 millions $, servent aussi à doter le stade d’un dôme qui sera déployé durant l’hiver pour permettre la pratique des sports toute l’année, notamment pour les jeunes baseballeurs de la région.
«Pour remplir leurs assiettes, ils vident la nôtre, a illustré Michel Laplante, alors que les travailleurs plaident pour une meilleure conciliation travail famille. On respecte les gens de la construction, ce sont de bons clients aux Capitales, mais ce n’est pas vraiment notre combat.
«Et là où c’est décevant, c’est qu’on n’est ni un chantier municipal ni provincial. On est un organisme à but non lucratif. On fait ça pour les familles et pour augmenter la quantité de baseball. Il y a un gros paradoxe qui est spécial. On n’est pas capables d’assumer des pertes comme ça.»
SCÉNARIO D’URGENCE ÉTUDIÉ
Laplante et ses hommes ont songé toute la journée à un scénario d’urgence. «Mais on commence à être à court de solutions et aucun autre parc à Québec ne peut nous accueillir», a-t-il expliqué, découragé.
À l’alliance syndicale de la construction, une source nous a indiqué qu’à moins qu’il s’agisse d’une situation «de vie ou de mort», aucun chantier n’est autorisé à redémarrer.
Les Québécois vont devoir payer jusqu’à 6500 $ de plus pour une maison neuve ou 3400 $ pour un condo si les hausses salariales des syndiqués vont de l’avant, alerte l’association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec.
«Ce sont les citoyens qui vont devoir payer la note au bout du compte!» a déploré François-william Simard, porteparole de l’association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ), qui représente 14 500 employeurs du secteur de la construction résidentielle.
DEMANDES SALARIALES
M. Simard qualifie toujours les demandes salariales des syndiqués d’exagérées et de déraisonnables. Selon lui, une maison unifamiliale de 1600 pieds carrés coûterait 6500 $ de plus en tenant compte des demandes syndicales sur quatre ans. Pour un condo de 800 pieds carrés, cette hausse pourrait atteindre 3400 $.
L’APCHQ chiffre par exemple l’impact cumulatif après quatre ans de 12,1 % pour un mécanicien d’ascenseur (payé 39,44 $ l’heure) et de 17,3 % pour un manoeuvre journalier (payé 27,56 $ l’heure).
UNE ENTENTE PAR SECTEUR ?
Si l’association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec répète qu’une entente avec le secteur résidentiel pourrait être conclue très bientôt, l’alliance syndicale nie que ce soit le cas.
«Si on était si près du but, on ne serait pas en grève! Ce n’est pas ce que je sens… Il n’y a pas eu d’autres développements, alors ce n’est pas le cas», a dit Michel Trépanier de l’alliance syndicale.
Éric Côté, porte-parole de l’association de la construction du Québec (ACQ), dont les entreprises membres génèrent plus de 62 % des heures totales travaillées et déclarées dans l’industrie, rappelle que la loi stipule que les ententes doivent être conclues par secteur.
«On ne construit pas un bungalow comme on construit un CHUM», a-t-il précisé pour expliquer les différences de secteurs impliqués.
TRAVAIL LE SAMEDI
M. Côté ne voit d’ailleurs pas pourquoi le travail à taux horaire simple le samedi, en cas d’intempéries, est possible dans le secteur résidentiel, alors qu’il ne l’est pas dans le secteur institutionnel.
Hier en fin de journée, la ministre Dominique Vien a annoncé la nomination d’un conciliateur pour aider les parties à s’entendre sur les clauses communes aux quatre secteurs de l’industrie de la construction, lors d’une table spéciale.
Au moment d’écrire ces lignes, les négociations entre l’alliance syndicale et la partie patronale devaient reprendre à 19 h, hier, au ministère du Travail, à Montréal. Les avantages sociaux et les régimes de retraite étaient alors à l’ordre du jour.