Il ne peut pas perdre un salaire
Avec quatre enfants à nourrir, un couple de Salaberry-deValleyfield ne peut pas se permettre de perdre un salaire en raison de la grève dans la construction.
«S’il arrête de travailler, même une seule journée, l'impact est vraiment important pour nous», soutient Krystel Lefebvre-pelletier, dont le conjoint est charpentier-menuisier.
Les travailleurs de la construction étaient en grève pour une deuxième journée consécutive hier, alors que la ministre du Travail, Dominique Vien, a annoncé la nomination d’un autre conciliateur pour tenter de dénouer l’impasse dans les négociations. Le premier ministre Philippe Couillard s’est dit «prêt à agir dès lundi» pour forcer le retour des travailleurs de la construction sur les chantiers paralysés par la grève.
Le conjoint de Mme Lefebvre-pelletier, qui a préféré taire son nom par peur de représailles, travaille pour une petite entreprise à Rigaud, en Montérégie.
Il se rend tout de même au boulot malgré la grève. Son employeur a prévu de donner des tâches de réparation à ses employés afin qu’ils puissent continuer à travailler même s'il y a fermeture forcée du chantier.
Si les membres de certaines associations syndicales qui disposent de fonds de grève peuvent être rémunérés après une journée ou une semaine de mobilisation, d’autres sont privés de revenu le temps du conflit.
DÉJÀ AFFECTÉS PAR LA PLUIE
«On a de jeunes enfants de 7 à 14 ans à s’occuper. Certains de ses collègues viennent de s’acheter une maison. On a tous besoin de travailler», souligne-telle.
Les finances du couple ont d’ailleurs été lourdement affectées par les fortes pluies des dernières semaines qui ont empêché le père de travailler.
«C’était l’enfer, j’avais le goût de pleurer. Mon conjoint s’arrachait les cheveux de la tête. Ce n’est vraiment pas le temps pour la grève», s'inquiète celle qui fait souvent deux quarts de travail comme préposée aux bénéficiaires pour y arriver.
Le couple soutient tout de même partager les revendications des grévistes. «J’aimerais que mon conjoint ne travaille pas les samedis et finisse moins tard le soir, mais on ne peut pas se permettre qu’il ne travaille pas», insiste la femme dans la trentaine.
APPELS POUR TRAVAILLER
Le conjoint de Mme Lefebvre-pelletier ne serait pas le seul à vouloir travailler malgré la grève. Une compagnie de location de main-d’oeuvre spécialisée de Saint-jean-sur-richelieu profite même de la situation pour attirer des travailleurs qui veulent continuer à gagner leur vie.
Groupe Main D’oeuvre dit avoir reçu une vingtaine d’appels d’employés de la construction qui se cherchaient du travail.
«Ils me disent que le chantier de leur employeur est fermé, alors ils veulent aller ailleurs le temps de la grève. On ne sait pas combien de temps ça va durer, c’est difficile pour eux de prévoir leur budget», mentionne le président de la compagnie, Alain Robillard, qui ne se cache pas de faire de la promotion pour trouver de la main-d’oeuvre pendant la grève.
«Si quelqu’un ne veut pas travailler, je respecte ça, mais sinon on a des délais à respecter pour éviter d’avoir des pénalités», signale l’homme d’affaires.