Le Journal de Quebec

Il ne peut pas perdre un salaire

- MARIE-ÈVE DUMONT

Avec quatre enfants à nourrir, un couple de Salaberry-deValleyfi­eld ne peut pas se permettre de perdre un salaire en raison de la grève dans la constructi­on.

«S’il arrête de travailler, même une seule journée, l'impact est vraiment important pour nous», soutient Krystel Lefebvre-pelletier, dont le conjoint est charpentie­r-menuisier.

Les travailleu­rs de la constructi­on étaient en grève pour une deuxième journée consécutiv­e hier, alors que la ministre du Travail, Dominique Vien, a annoncé la nomination d’un autre conciliate­ur pour tenter de dénouer l’impasse dans les négociatio­ns. Le premier ministre Philippe Couillard s’est dit «prêt à agir dès lundi» pour forcer le retour des travailleu­rs de la constructi­on sur les chantiers paralysés par la grève.

Le conjoint de Mme Lefebvre-pelletier, qui a préféré taire son nom par peur de représaill­es, travaille pour une petite entreprise à Rigaud, en Montérégie.

Il se rend tout de même au boulot malgré la grève. Son employeur a prévu de donner des tâches de réparation à ses employés afin qu’ils puissent continuer à travailler même s'il y a fermeture forcée du chantier.

Si les membres de certaines associatio­ns syndicales qui disposent de fonds de grève peuvent être rémunérés après une journée ou une semaine de mobilisati­on, d’autres sont privés de revenu le temps du conflit.

DÉJÀ AFFECTÉS PAR LA PLUIE

«On a de jeunes enfants de 7 à 14 ans à s’occuper. Certains de ses collègues viennent de s’acheter une maison. On a tous besoin de travailler», souligne-telle.

Les finances du couple ont d’ailleurs été lourdement affectées par les fortes pluies des dernières semaines qui ont empêché le père de travailler.

«C’était l’enfer, j’avais le goût de pleurer. Mon conjoint s’arrachait les cheveux de la tête. Ce n’est vraiment pas le temps pour la grève», s'inquiète celle qui fait souvent deux quarts de travail comme préposée aux bénéficiai­res pour y arriver.

Le couple soutient tout de même partager les revendicat­ions des grévistes. «J’aimerais que mon conjoint ne travaille pas les samedis et finisse moins tard le soir, mais on ne peut pas se permettre qu’il ne travaille pas», insiste la femme dans la trentaine.

APPELS POUR TRAVAILLER

Le conjoint de Mme Lefebvre-pelletier ne serait pas le seul à vouloir travailler malgré la grève. Une compagnie de location de main-d’oeuvre spécialisé­e de Saint-jean-sur-richelieu profite même de la situation pour attirer des travailleu­rs qui veulent continuer à gagner leur vie.

Groupe Main D’oeuvre dit avoir reçu une vingtaine d’appels d’employés de la constructi­on qui se cherchaien­t du travail.

«Ils me disent que le chantier de leur employeur est fermé, alors ils veulent aller ailleurs le temps de la grève. On ne sait pas combien de temps ça va durer, c’est difficile pour eux de prévoir leur budget», mentionne le président de la compagnie, Alain Robillard, qui ne se cache pas de faire de la promotion pour trouver de la main-d’oeuvre pendant la grève.

«Si quelqu’un ne veut pas travailler, je respecte ça, mais sinon on a des délais à respecter pour éviter d’avoir des pénalités», signale l’homme d’affaires.

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