François Bugingo à la messe
C’est sûr que l’émission Y’a du monde à messe de Télé-québec a frappé un gros coup en réussissant à convaincre François Bugingo d’y faire sa première apparition à la télé. Mais en donnant de la visibilité à cet ex-journaliste (qui s’est fait déculotter sur la place publique à cause de ses mensonges) et en lui donnant le crachoir, est-ce qu’on n’est pas en train de lui donner la chance de se réhabiliter? On sait à quel point, au Québec, le grand public aime les pôvres petites victimes qui font donc pitié.
En lui donnant l’occasion de parader devant les caméras, j’espère juste qu’on ne lui donnera pas l’occasion de s’offrir une deuxième chance.
UN MONDE IMAGINAIRE
Entendons-nous: cet homme n’est pas une victime. Il est l’artisan de son propre malheur. Il s’est «autopeluredebananisé». Il n’est pas la cible d’un complot, d’un Act of God ou d’un mauvais coup du destin. Personne ne lui a tordu le bras pour qu’il s’invente des reportages qu’il n’a jamais effectués. Il ne mérite ni votre pitié, ni votre compassion, ni votre empathie. C’est un menteur, un ratoureux fabulateur qui a causé un tort immense à toute une profession: celle des journalistes qui font leur métier avec rigueur et professionnalisme. Quel piètre personnage!
François Bugingo, avant sa chute, était un être imbu de lui-même qui se permettait de faire la leçon à tout le monde. Toujours prêt à donner des leçons de journalisme à ses collègues. Il rigolait un peu moins le jour où il s’est fait prendre les culottes à terre, quand La Presse a révélé qu’il avait inventé de toutes pièces certains reportages. Il avait bien promis qu’il allait blanchir sa réputation et remettre les pendules à l’heure... mais on attend toujours. Faut croire qu’il n’avait pas assez de détergent pour laver les taches sur son C.V.
Je comprends l’équipe de Y’a du monde à messe d’avoir voulu obtenir le scoop de la première apparition télé de ce paria de l’information. Toutes les émissions cherchent à faire sortir de leur cachette des acteurs de l’actualité qui se sont terrés dans leur silence.
Mais en lui donnant le crachoir, on le conforte dans son narcissisme. Ce Pinocchio qui se prenait pour Tintin a inventé des histoires pour se rendre intéressant. Est-ce que la meilleure attitude face à un fabulateur de son style c’est de lui donner encore autant d’attention? S’il a enfirouapé la population pour se retrouver sous les projecteurs, pas sûr que la meilleure chose à faire soit de le placer à nouveau devant une caméra de télé. C’est exactement ce que les fabulateurs recherchent! C’est la meilleure façon de nourrir la bête et de flatter son égo surdimensionné.
DES MOTS D’ÉGLISE
En lui donnant le crachoir, on le conforte dans son narcissisme
L’émission Y’a du monde à messe mettant en vedette François Bugingo sera diffusée le vendredi 2 juin à 21 h. Cette production de Marie-france Bazzo est tournée dans une église et elle est bourrée d’évocations religieuses, comme un confessionnal et une chorale gospel. Alors, pour rester dans la thématique, j’espère juste que le grand pécheur Bugingo ne se fera pas donner... le Bon Dieu sans confession.
Sinon, pour rester dans le vocabulaire religieux, je serais en hostie de tabernacle.