Tembec, c’est l’arbre qui cache la forêt
La forestière Tembec vient de tomber entre les mains d’une société américaine. Quel sera le prochain fleuron québécois à faire l’objet d’une mainmise étrangère?
Les paris sont ouverts! Et le «choix» est grand.
Dans une récente étude (2016), Yvan Allaire et François Dauphin de l’institut sur la gouvernance ont dressé une liste de 16 sociétés québécoises inscrites en bourse qui ne bénéficient d’aucune protection contre des prises de contrôle, hostiles ou pas.
Qui sont-elles? Snc-lavalin, Metro, CAE, Gildan, WSP Global, Dollarama, Valeant, TFI International (Transforce), Produits forestiers Résolu, Uni-sélect, Stella-jones, Colabor, Aimia…
Il en manque trois. Pour vous montrer à quel point MM. Allaire et Dauphin ont raison de soulever le problème du manque de protection, sachez que Tembec faisait partie de ladite liste.
Pourquoi Tembec passe-t-elle facilement dans le giron de l’américaine Rayonier Advanced Materials? Parce que les quatre principaux actionnaires étaient déjà de l’extérieur du Québec, soit Fairfax Financial de Toronto, et trois fonds d’investissements américains.
Depuis la publication de l’étude, il y a également le beauceron Groupe Canam, de la famille Dutil, qui vient de tomber dans le giron d’une société américaine d’investissement, American Industrial Partners. Sachez que même la Caisse de dépôt et placement du Québec et le Fonds de solidarité de la FTQ sont parties prenantes dans cette transaction majeure!
Et Amaya, la propriétaire de Pokerstars, s’ajoute à la liste des entreprises dont le siège social déménage ses pénates à l’extérieur du Québec. Tout en changeant son nom pour «The Stars Group», Amaya a décidé de relocaliser son siège social à Toronto.
L’EXODE
Ces pertes de contrôle d’entreprises québécoises s’inscrivent dans la longue liste de l’exode de sièges sociaux québécois. Pensons aux fleurons Alcan, Bourse de Montréal, RONA, Molson, les Rôtisseries StHubert, le Cirque du Soleil, AbitibiConsol, Domtar, Axcan Pharma, Provigo, Télésystème Mobiles International, etc.
Fait important: même si l’entreprise qui est cédée à des intérêts étrangers poursuit ses activités au Québec, lorsqu’on perd un siège social pour le transformer en un siège administratif, c’est le centre des décisions qui s’envole à l’étranger. Et lorsqu’une crise survient, on n’a plus un mot à dire sur les douloureuses décisions nous affectant. Point à la ligne.
QUE FAIRE ?
Le gouvernement Couillard a lancé en février dernier un plan d'action «afin de protéger les sièges sociaux qui se trouvent sur son territoire et se prémunir contre leur déménagement» vers d'autres provinces canadiennes ou à l'étranger.
Depuis, Tembec, Groupe Canam et Amaya sont passées aux mains des étrangers. Il y a de quoi se questionner sur l’efficacité dudit plan d’action.
Par ailleurs, la réaction du premier ministre Couillard à la vente de Tembec ne se veut guère rassurante.
«Quand deux conseils d’administration décident de façon consensuelle de conclure une transaction, il faut les laisser agir», a-t-il déclaré.
Ça augure mal pour la protection des Metro, Snc-lavalin, CAE, Dollarama, WSP Global, Stella-jones...