Le Journal de Quebec

Tembec, c’est l’arbre qui cache la forêt

- Michel Girard michel.girard@quebecorme­dia.com

La forestière Tembec vient de tomber entre les mains d’une société américaine. Quel sera le prochain fleuron québécois à faire l’objet d’une mainmise étrangère?

Les paris sont ouverts! Et le «choix» est grand.

Dans une récente étude (2016), Yvan Allaire et François Dauphin de l’institut sur la gouvernanc­e ont dressé une liste de 16 sociétés québécoise­s inscrites en bourse qui ne bénéficien­t d’aucune protection contre des prises de contrôle, hostiles ou pas.

Qui sont-elles? Snc-lavalin, Metro, CAE, Gildan, WSP Global, Dollarama, Valeant, TFI Internatio­nal (Transforce), Produits forestiers Résolu, Uni-sélect, Stella-jones, Colabor, Aimia…

Il en manque trois. Pour vous montrer à quel point MM. Allaire et Dauphin ont raison de soulever le problème du manque de protection, sachez que Tembec faisait partie de ladite liste.

Pourquoi Tembec passe-t-elle facilement dans le giron de l’américaine Rayonier Advanced Materials? Parce que les quatre principaux actionnair­es étaient déjà de l’extérieur du Québec, soit Fairfax Financial de Toronto, et trois fonds d’investisse­ments américains.

Depuis la publicatio­n de l’étude, il y a également le beauceron Groupe Canam, de la famille Dutil, qui vient de tomber dans le giron d’une société américaine d’investisse­ment, American Industrial Partners. Sachez que même la Caisse de dépôt et placement du Québec et le Fonds de solidarité de la FTQ sont parties prenantes dans cette transactio­n majeure!

Et Amaya, la propriétai­re de Pokerstars, s’ajoute à la liste des entreprise­s dont le siège social déménage ses pénates à l’extérieur du Québec. Tout en changeant son nom pour «The Stars Group», Amaya a décidé de relocalise­r son siège social à Toronto.

L’EXODE

Ces pertes de contrôle d’entreprise­s québécoise­s s’inscrivent dans la longue liste de l’exode de sièges sociaux québécois. Pensons aux fleurons Alcan, Bourse de Montréal, RONA, Molson, les Rôtisserie­s StHubert, le Cirque du Soleil, AbitibiCon­sol, Domtar, Axcan Pharma, Provigo, Télésystèm­e Mobiles Internatio­nal, etc.

Fait important: même si l’entreprise qui est cédée à des intérêts étrangers poursuit ses activités au Québec, lorsqu’on perd un siège social pour le transforme­r en un siège administra­tif, c’est le centre des décisions qui s’envole à l’étranger. Et lorsqu’une crise survient, on n’a plus un mot à dire sur les douloureus­es décisions nous affectant. Point à la ligne.

QUE FAIRE ?

Le gouverneme­nt Couillard a lancé en février dernier un plan d'action «afin de protéger les sièges sociaux qui se trouvent sur son territoire et se prémunir contre leur déménageme­nt» vers d'autres provinces canadienne­s ou à l'étranger.

Depuis, Tembec, Groupe Canam et Amaya sont passées aux mains des étrangers. Il y a de quoi se questionne­r sur l’efficacité dudit plan d’action.

Par ailleurs, la réaction du premier ministre Couillard à la vente de Tembec ne se veut guère rassurante.

«Quand deux conseils d’administra­tion décident de façon consensuel­le de conclure une transactio­n, il faut les laisser agir», a-t-il déclaré.

Ça augure mal pour la protection des Metro, Snc-lavalin, CAE, Dollarama, WSP Global, Stella-jones...

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