Le Journal de Quebec

De gars de constructi­on à musicien au Moyen-orient

Incapable de percer au Québec, il gagne bien sa vie en vivant son rêve à Abou Dhabi

- Hugo Duchaine l Hduchainej­dm

Jessy Alves Cloutier était prêt. Ses cartes de visite déjà imprimées, le jeune homme de Terrebonne allait renoncer à son rêve d’être musicien pour couler du ciment à temps plein, quand un agent lui a proposé d’aller jouer de la guitare dans un club du Moyen-orient.

«J’ai tenté le tout pour le tout et j’ai sauté dans l’avion. C’est l’un des meilleurs choix de ma vie», se réjouit quatre ans plus tard Jessy Alves Cloutier, dans son appartemen­t d’abou Dhabi, aux Émirats arabes unis.

Six soirs par semaine, le guitariste de 26 ans monte sur scène avec son groupe Aftershock pour jouer les succès pop et classiques rock à l’exchange Club, situé derrière le luxueux hôtel quatre étoiles Le Méridien, au bord de la plage.

Il est payé 2200 $ US par mois, en plus d’une allocation mensuelle de 300 $ pour la nourriture. Un très bon salaire étant donné qu’il n’a pas à payer de loyer – et les loyers coûtent très cher. Il est en effet logé gratuiteme­nt dans un appartemen­t qu’il partage avec trois autres musiciens.

SACRIFICES

Pourtant, le musicien s’était résigné à suivre les traces de son père et à lancer sa propre compagnie de cimentier. Il travaillai­t aussi à temps partiel comme commis à la SAQ.

Après des études en musique, il avait tenté de percer au Québec avec un groupe hard rock, mais sans succès. Ils ont participé à des concours et fait des spectacles dans les bars, mais la musique n’était pas rentable, explique-t-il.

Contrairem­ent au Moyen-orient, certains tenanciers ne payaient non seulement pas de cachet, mais réclamaien­t même un montant pour qu’ils montent sur scène.

S’il est «beaucoup plus heureux et accompli», Jessy Alves Cloutier a dû faire des sacrifices en quittant le Québec.

Le plus dur aura été de mettre fin à une relation qui durait depuis six ans avec sa conjointe de l’époque. La distance et le train de vie occupé du musicien les ont menés à rompre.

Puis, il ne voit sa famille qu’à travers l’écran de son ordinateur pendant les conversati­ons Skype, qui lui permettent de garder contact avec ses parents, ainsi que son frère et sa soeur. «Ça fait peur au monde 15 heures d’avion pour venir dans le désert. Mon père préfère aller à Cuba», lance-t-il en riant.

L’ÉTÉ TOUTE L’ANNÉE

S’il y a bien une chose du Québec dont il ne s’ennuie pas, c’est l’hiver. À Abou Dhabi, le mercure ne descend même pas sous les 20 °C l’hiver et peut grimper jusqu’à 50 °C l’été.

«Tu cuis sur la plage en plein après-midi», décrit-il, ajoutant qu’il ne pleut qu’environ 10 jours par an.

Dans la capitale des Émirats arabes unis, il aime jogger le long du golfe Persique, se pro- mener à dos de chameau dans le désert ou rouler en Jeep sur les dunes.

Il a aussi un mois de vacances chaque année, lors du ramadan. Pendant ce mois de jeûne, les clubs ferment.

Ce printemps, il compte en profiter pour s’envoler en Indonésie et relaxer à Bali.

 ??  ?? Jessy Alves Cloutier a sauté dans l'avion sans jamais regarder derrière lui, il y a quatre ans, pour réaliser son rêve de vivre de sa musique. À droite, on le voit avec son groupe à l’exchange Club d’abou Dhabi où il se produit 6 soirs par semaine.
Jessy Alves Cloutier a sauté dans l'avion sans jamais regarder derrière lui, il y a quatre ans, pour réaliser son rêve de vivre de sa musique. À droite, on le voit avec son groupe à l’exchange Club d’abou Dhabi où il se produit 6 soirs par semaine.
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