Les propriétaires de Chambly reçoivent des chèques de la Ville
À quelques mois des élections municipales, l’opposition est en colère
Les propriétaires de Chambly commencent à recevoir par chèque leur part du million de dollars que la Ville redistribue, ce qui fait bondir l’opposition qui juge que le maire tente d'influencer les élections de novembre.
«Je gère la Ville comme une entreprise et ce que je fais là, c’est de redistribuer aux actionnaires», estime le maire Denis Lavoie qui se félicite d’avoir dégagé un excédent de 7 millions $ sur l’année 2016.
Environ 10 000 chèques dont le montant correspond à la valeur de leur maison et à leur taxe foncière ont été envoyés cette semaine aux propriétaires de la ville.
Pour une maison d’environ 300 000 $, les propriétaires ont reçu un chèque d'une centaine de dol- lars. Cette distribution est une première municipale au Canada.
Steeves Demers, chef du parti d’opposition Démocratie Chambly, dénonce une pratique électoraliste à quelques mois du scrutin municipal qui se tiendra le 5 novembre 2017.
«Le maire veut influencer le vote de certains avec de l’argent», lancet-il.
Denis Lavoie prétend de son côté que les élections à venir n’ont rien à voir avec cette distribution d’argent.
«Devrais-je priver les gens de leur argent parce que nous sommes en année électorale?» avance-t-il.
CADEAU EMPOISONNÉ
Florent Michelot, professeur de politique montréalaise à L’UQAM affirme que ces chèques sont en fait un cadeau empoisonné. «Gérer cet argent et le redistribuer représente des frais d’administration. Et ce sont les gens de Chambly qui assument ces frais à travers leurs impôts.»
«Au final, les gens sont perdants, car ils paient deux fois ce qu’ils ne reçoivent qu’une fois: d’abord à travers leurs taxes puis lors de l’envoi du chèque», dit M. Michelot.
Pour le professeur, cette pratique est aussi injuste socialement.
«Cela pose la question du partage des richesses. On distribue cet argent aux propriétaires qui font déjà partie des mieux lotis alors qu’on aurait pu aider des populations moins favorisées.»
«Soyons francs: c’est une attitude clientéliste et malsaine», conclut-il.