L’impérial à ses pieds
Safia Nolin amuse, émeut et charme dans un concert guichets fermés
N’en déplaise à ses détracteurs dans le monde virtuel, Safia Nolin a un indéniable pouvoir fédérateur dans la vie réelle. Un Impérial Bell bondé et réceptif au quart de tour nous en a fourni l’éloquente preuve hier soir.
Comme ça avait été le cas dans l’intimité du Cercle à l’automne, tout juste après son fameux discours du Gala de L’ADISQ, elle a été accueillie comme une star. Preuve d’une popularité qui grandit sans cesse, l’impérial, la salle de son enfance, affichait complet et était pendu à ses lèvres.
La jeune «vingtenaire» s’est nourrie de ce soutien indéfectible. Toujours aussi cabotine, elle a eu la réplique facile et amusante toute la soirée. «Ben, y a des conditions», at-elle répondu du tac au tac à une spectatrice qui lui a demandé si elle voulait être son amie.
On l’a aussi entendue parler de l’apparition de son premier orgelet et des succulentes patates déjeuner de son fidèle complice Joseph Marchand, avec qui elle a même entonné un classique du temps des Fêtes. Chaque fois, c’était l’hilarité.
PUR SAFIA
Cela dit, ce fut aussi, et surtout, une fort agréable soirée de musique. Presque deux ans après la sortie de Limoilou, l’heure était même à tester du nouveau matériel. Nolin a décidé d’en présenter une toute neuve dès le départ, Les chemins, du Safia pur jus, déprimante et marquée par de très beaux accords de guitare.
Même si elle misait sur quatre musiciens, la première partie du concert, consacrée aux pièces de Limoilou, a connu ses meilleurs moments quand Safia et son Joseph se sont retrouvés seuls, face à face, dans une ambiance feutrée.
Son Valser à l’envers a mis en évidence toute la fragilité de cette écorchée vive. Noël
partout en a rajouté une couche dans la mélancolie avant que sa reprise de D’amour et
d’amitié, de Céline Dion, procure un émouvant instant de communion musicale quand toute la salle s’est spontanément portée volontaire pour l’accompagner.
Capable d’un silence respectueux, la foule de milléniaux a montré qu’elle connaissait ses classiques québécois quand Boom Desjardins a fait une apparition-surprise pendant la relecture de Calvaire. La réaction a été si bonne au point que Desjardins n’a presque pas eu besoin de chanter sa toune.